«Chienne de rouge», sur les pistes du sang

J’ai vécu la plus grande part de mon existence dans un
siècle où le titre n’aurait pu renvoyer, dans toutes les langues du monde, qu’a
un sens bien précis. «Chienne de rouge» se serait entendu comme une insulte à l’encontre
d’une femme engagée pour la révolution anticapitaliste.
Il est besoin d’un petit temps pour comprendre que, des
innombrables références et associations d’idées que mobilise le film, aucune n’a
de lien avec cette signification.
Cela mérite attention du fait de l’étendue des associations libres qu’opère le film autour de son motif central, le sang… jusqu’à une explication tout à fait littérale et légitime, selon laquelle on appelle «chien» ou «chienne de rouge» des chiens de chasse dressés à suivre la piste d’animaux blessés grâce à la traînée de sang.
C’est à cet animal que se
compare la réalisatrice, qui explique s’être lancée dans une sorte de jeu de
piste sur les traces, infiniment multiples, du sang dans nos existences, présence
physique invisible et visible, sang menstruel et sang des victimes de crimes et
de guerres, sang des liens familiaux, des appartenances
identitaires et de tant d’autres métaphores aux effets si concrets, souvent tragiques,
parfois merveilleux.
À cette manière de se mettre elle-même au centre du projet
répond qu’on s’autorise de mentionner ici ce qu’à titre personnel on entend d’abord
en entrant dans son film, pour mieux apprécier…