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Comme les contrôleurs de train, les écrivains devraient se mettre en grève

Comme les contrôleurs de train, les écrivains devraient se mettre en grève
Publié le , mis à jour le

Moi aussi, à l’instar des contrôleurs de train, je vais profiter des vacances scolaires pour me mettre en grève. Tremblez, tremblez, usagers de ce site, lecteurs de ma prose, adorateurs de mes romans; de mes écrits, vous serez privés aussi longtemps que mes revendications ne seront pas prises en compte: quintuplement de mes droits d’auteur, remboursement intégral de mes factures d’électricité, versement d’une rente mensuelle égale à la hauteur de mon génie, soit environ un millier d’euros par jour, prise en charge des soins vétérinaires de mon chat sans la présence duquel aucune création ne saurait exister…

Après tout, je suis aussi utile à la marche de la nation qu’un poinçonneur des Lilas, non? Partout, j’entends vanter l’exception culturelle française, j’écoute les discours flamboyants de notre classe politique qui toutes tendances confondues louent la France, patrie des droits de l’homme et terre sacrée des arts, je prête l’oreille à ces chants d’amour qui me disent combien nous autres artistes, écrivains, cinéastes, influenceurs, contribuons au rayonnement international de notre pays.

Pourtant, ces déclarations d’amour sont rarement suivies d’effets. Je touche exactement le même pourcentage sur les ventes de mes livres que le jour où j’ai publié mon premier roman, voilà vingt-huit ans, soit entre huit et dix pour cent. Si bien que huit romans plus tard, la somme de mes…

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