Dans «La Zone d’intérêt», «le son comme ingrédient principal» pour raconter l’horreur nazie

Lorsque Jonathan Glazer lui a tendu le script de La Zone d’intérêt pour la première fois, Johnnie Burn a paniqué. «C’était effrayant. Ma première réaction a été de me dire: “Je n’y arriverai pas”. C’est une lourde responsabilité d’arriver à faire ça et à le faire bien.»
L’ingénieur du son n’en est pourtant pas à son premier exploit. Après avoir abandonné des études de commerce qui l’ennuyaient, le Britannique s’est formé sur le tas, pour devenir un des techniciens les plus respectés de son milieu. Son travail sur Under The Skin en 2013 (également réalisé par Jonathan Glazer) lui a valu les louanges de toute l’industrie et l’a mené à collaborer avec des réalisateurs comme Yórgos Lánthimos (The Lobster, La Favorite, Pauvres Créatures) ou Jordan Peele (Nope).
Mais La Zone d’intérêt représentait un défi d’une autre envergure: un film sur l’horreur d’Auschwitz où le son serait, comme le lui a expliqué Jonathan Glazer, «l’ingrédient principal». Une intention stylistique annoncée dès les premières secondes, avec une longue séquence sur fond noir, accompagnée par la musique lancinante de Mica Levi alias Micachu (Under The Skin, Jackie).
De Shoah (1985) à La Liste de Schindler (1993), en passant par Le Fils de Saul (2015), un débat moral et artistique perdure depuis des décennies: que peut-on et doit-on montrer de l’Holocauste? Peut-on faire d’un camp d’extermination un décor de cinéma?…