«Love is in the Bin»: comment l’autodestruction d’un Banksy a vingtuplé sa valeur

Une performance paradoxale? L’auto-destruction en direct de «Girl with a Balloon» dénonce les excès du marché. Trois ans plus tard, elle devient l’œuvre la plus chère de l’artiste.
Le 5 octobre 2018 à Londres, le marteau du commissaire-priseur s’abat une dernière fois. Le dernier lot du jour, une toile de Banksy représentant sa célèbre fillette au ballon en forme de cœur, vient d’être adjugé pour plus d’1,2 million d’euros. Aussitôt retentit une alarme stridente. L’expression médusée, la bouche béante des experts de Sotheby’s face à la toile découpée en lamelles va faire le tour du monde. «We’ve just been Banksy-ed» («on vient de se faire “Bankser”»), déclare le directeur du département d’art contemporain de la maison de ventes au cours de la conférence de presse organisée à l’issue de l’événement.
Une déchiqueteuse dormait dans le cadre épais de l’œuvre depuis 2006, année de son acquisition auprès de l’artiste par le collectionneur David Teiger. Banksy l’y avait cachée «au cas où elle serait mise aux enchères», explique-t-il dans une vidéo montrant un homme installer le dispositif muni de lames dans le cadre. Le jour-J, un de ses émissaires se trouvait dans la salle pour actionner une télécommande (l’histoire ne dit pas comment celle-ci, en douze ans, …