«Oppenheimer» ou l’intelligence de l’éclair

Le nouveau film de Christopher Nolan consacré à celui qui dirigea la fabrication de la première bombe atomique est une formidable aventure du regard et de la pensée autour d’un événement crucial de l’histoire humaine.
«Tu vois au-delà du monde que nous voyons», dit un ami à J. Robert Oppenheimer. Il s’agit à ce moment de la spécialité scientifique dont le futur «père de la bombe atomique» est un pionnier, la physique quantique. La formule vaut aussi pour une certaine idée du cinéma, celle que pratique Christopher Nolan.
Mais la phrase est mal formulée. Dans les deux cas, recherche fondamentale ou mise en scène, il ne s’agit pas d’un au-delà. Il s’agit de voir, et de montrer, différents états du monde, plus ou moins perceptibles, plus ou moins apparemment antinomiques, mais qui, tous, le constituent.
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En regardant son douzième film, on songe que Nolan, en tout cas depuis Insomnia il y a vingt ans, n’a cessé de chercher à rendre sensible cette pluralité des modes d’existence –ses plus audacieuses propositions, Inception et Tenet, en ayant offert d’évidentes épures, quasiment des théorèmes au tableau blanc du grand écran. Avec Oppenheimer, il …