«Triste Tigre», un livre charnière dans la littérature de l’inceste

Actuellement en réimpression après avoir été sacré par le Prix Femina le 6 novembre, l’ouvrage de Neige Sinno a déjà reçu les prix littéraires du Monde, des Inrockuptibles, le prix Blù Jean-Marc Roberts et dépassé les 50.000 exemplaires vendus.
Neige Sinno n’est guère la première romancière à traiter la thématique de l’inceste, cet interdit que l’anthropologue Claude Lévi-Strauss tenait comme préalable nécessaire à la structuration de nos sociétés (Les Structures élémentaires de la parenté, 1949), après Émile Durkheim (La Prohibition de l’inceste et ses origines, 1898). Toutefois, elle en renouvelle profondément la réflexion.
En 1989, dans La Porte du fond, Christiane Rochefort décrivait déjà l’emprise d’un père incestueux sur sa fille, tout en vilipendant la société qui se plaisait à confondre inceste et séduction. L’année suivante, Christine Angot publiait Vu du ciel, débutant ainsi une œuvre qui traite quasi exclusivement des rapports incestueux. Marquant plusieurs générations, elle a fait la promesse, dans L’Inceste (1999), de ne jamais laisser ses lecteurs tranquilles avec ce sujet. S’y consacrant depuis lors, l’autrice n’en finit pas de décomposer l’expérience de ce crime, afin de rendre ce sujet aussi vivant qu’il tue à petit feu.
Abonnez-vous gratuitement à la newsletter …