Le secteur des assurances bouleversé par les catastrophes climatiques

La cohabitation entre l'assurance et les risques élevés a toujours été complexe. Le réchauffement climatique, exacerbant ces risques, met en péril la pérennité des systèmes d'indemnisation actuels. Comment alors assurer leur viabilité à l'avenir?
Tl;dr
- Le réchauffement climatique met en péril la viabilité des systèmes d’indemnisation.
- Les indemnisations pour sinistres climatiques sont en hausse constante.
- Les personnes sont souvent réticentes à payer le juste prix de l’assurance.
Le défi climatique : une menace pour le secteur de l’assurance
Le réchauffement climatique constitue une menace de taille pour le secteur de l’assurance. Les sinistres climatiques sont de plus en plus nombreux et coûteux, mettant en péril la viabilité des systèmes actuels d’indemnisation. Florence Lustman, présidente de France Assureurs, a souligné l’ampleur du problème en annonçant que « l’année 2023 est la troisième année la plus grave en termes de sinistres climatiques ».
Augmentation des primes et sélectivité accrue
Cette situation a conduit de nombreuses compagnies d’assurance à se retirer des zones à forte sinistralité climatique.
Pour ceux qui restent, l’augmentation des primes et une sélection plus stricte des souscripteurs sont devenues des stratégies pour maintenir la rentabilité. Cependant, ces mesures ont pour effet d’exclure de plus en plus les profils à risque, pour qui la couverture devient trop coûteuse.
Une sous-estimation des risques climatiques
Par ailleurs, une méta-analyse a révélé que les individus ont généralement tendance à sous-estimer le risque causé par les catastrophes naturelles.
Ce constat se traduit par une réticence à payer le juste prix de la couverture. De plus, le revenu moyen des ménages est négativement corrélé à leur disposition à payer pour une assurance. Ce phénomène peut s’expliquer par le fait que l’aversion pour le risque tend à diminuer avec le niveau de richesse.
Une perception de l’assurance influencée par la culture
La culture nationale joue également un rôle majeur dans la perception de l’assurance. Par exemple, en Chine, « les habitants sont plus enclins à se tourner vers leurs réseaux sociaux familiaux en cas de perte en lien avec les catastrophes naturelles, plutôt que de souscrire à une assurance ». À l’inverse, en Allemagne et aux Pays-Bas, l’assurance est perçue comme une garantie de sécurité et un moyen efficace de répartir les risques.
Le rôle des assurances dans un monde post-croissance, où la priorité est à la durabilité et à la résilience des sociétés, est une question cruciale. Peuvent-elles devenir un levier pour encourager des comportements responsables et partager les risques liés aux catastrophes climatiques de manière équitable ? La réorientation des investissements, y compris ceux des assurances, vers des initiatives de lutte contre le changement climatique est plus que jamais nécessaire.