« Les femmes ont moins le sentiment de propriété de leur argent que les hommes »

Directrice de recherche au CNRS et membre du centre de sociologie des organisations à Sciences Po, Jeanne Lazarus est spécialiste de la banque et des pratiques de l'argent. Dans un entretien accordé à MoneyVox, elle revient sur les apports de la loi de 1965 qui a permis aux femmes mariées de prendre progressivement leur indépendance financière. Suite de notre dossier sur la gestion de l'argent au sein du couple.
Elle a réformé le régime matrimonial permettant une véritable autonomie juridique des femmes mariées. Elle a consacré leur capacité à gérer leurs biens, à exercer une activité professionnelle et à ouvrir un compte bancaire sans l'autorisation de leur mari.
« Le code napoléonien de 1804 a fait de la femme mariée une mineure, au même titre que les enfants »
Pour comprendre l'ampleur de cette révolution, un retour au code napoléonien de 1804. Il a fait de la femme mariée une mineure, au même titre que les enfants. Elle avait le droit d'avoir un travail ou d'ouvrir un compte épargne par exemple, mais elle devait avoir l'autorisation de son mari.
Cette loi du 13 juillet 1965 intervient juste avant les lois dites « Debré » de 66-67, qui ont transformé le secteur bancaire. Elles avaient pour objectif de faire entrer l'argent des Français dans les banques de détail. Ces lois ont facilité l'installation des agences bancaires et autorisé les banques commerciales (alors nationalisées) à proposer des comptes sur livret. A l'époque, le choix a été de ne pas rémunérer les dépôts à vue mais d'imposer aux banques la gratuité des chèques, de façon à encourager leur usage aux dépens de l'argent liquide.