Affaire Depardieu : des rassemblements en France contre le « vieux monde »
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Paris (AFP) – « Assez de ce vieux monde »: des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes de France jeudi pour dénoncer le soutien d’Emmanuel Macron à Gérard Depardieu, mis en examen pour viol, et défendre les victimes de violences sexuelles.
Les rassemblements initiés par des associations féministes dans une trentaine de villes, à Lille, Toulouse ou encore Marseille, ont réuni chacun quelques dizaines de personnes, davantage à Paris avec 300 à 400 personnes, selon des journalistes de l’AFP.
« Un violeur est un violeur, halte à l’impunité, qu’il soit acteur, PDG ou M. Tout le monde », « victimes, on vous croit, violeurs on vous voit », ont scandé des manifestants rassemblés non loin de l’Elysée, place Saint-Augustin à Paris.
Trois membres des Femen ont brandi, seins nus, des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Brisons le silence et le vieux monde » « patriarcat tu es foutu, #metoo est dans la rue ».
Dans le collimateur des manifestants, les propos tenus par Emmanuel Macron le 20 décembre sur France 5.
Le président avait apporté son soutien à Gérard Depardieu, mis en examen pour viols et visé par trois plaintes pour agression sexuelle ou viol qu’il réfute, le qualifiant d' »immense acteur » qui rend « fière la France » et dénonçant une « chasse à l’homme ».
« Le fait qu’un président de la République s’exprime comme ça sans tenir compte deux minutes des victimes et prenne résolument le parti du présumé violeur est très grave », a dit à l’AFP Suzy Rojtman, porte-parole du collectif national pour les droits des femmes. »Cela envoie un très mauvais signal aux victimes ».
– « Rage folle » –
Parmi les manifestants, la comédienne Charlotte Arnould, qui a porté plainte contre Gérard Depardieu, conduisant en 2020 à sa mise en examen pour viol et agression sexuelle, ou encore l’actrice Anna Mouglalis.
« Il y a un décalage entre ce que pense le président de la République et ce qui se passe activement dans la société française », a déclaré Anna Mouglalis à l’AFP, se disant « archi choquée » par les propos du président. »C’est une honte absolue, en aucun cas un président de la République ne peut tenir ces propos. »
Un avis partagé par Orlane, une étudiante de 23 ans. »J’aimerais que l’impunité cesse, ce n’est pas parce qu’un homme (Gérard Depardieu, ndlr) est puissant, qu’il est connu, qu’il a le droit de faire ce genre de choses. »
A Lille, une cinquantaine de personnes se sont rassemblées face à la préfecture des Hauts-de-France.
« Avec MeToo, en 2017, on disait aux femmes de parler.Là, elles parlent, mais elles ne sont pas crues », déplore Amy Bah, 26 ans, représentante locale du collectif Nous toutes.
A Marseille, le rassemblement a réuni quelque 80 personnes, en grande majorité des femmes.
« Les propos de Macron (…) m’ont mis dans une rage folle », explique Annick Karsenty, présidente de Femmes Solidaires Marseille, jugeant le président « en totale contradiction avec ses promesses faisant des violences faites aux femmes sa priorité ».
A Toulouse, ils étaient une trentaine. »C’est important de se réunir pour montrer qu’on ne se tait pas », a dit à l’AFP, Irène, 36 ans.
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