Agressions sexuelles à Bétharram: trois hommes toujours en garde à vue

Pau (AFP) - La garde à vue se poursuit jeudi matin à Pau pour les trois premiers hommes interpellés dans le cadre de l'enquête sur plus d'une centaine de plaintes pour violences physiques et sexuelles au sein de l'établissement catholique Notre-Dame-de-Bétharram.
Suspectés de "viols aggravés, agressions sexuelles aggravées et/ou violences aggravées" pour des faits présumés s'étalant "entre 1957 et 2004", ils sont nés en 1931, en 1955 et en 1965, selon le parquet qui avait ouvert l'enquête il y a un an.
Il s'agit de deux laïcs et d'un prêtre, selon une source proche du dossier.L'un des deux laïcs avait été démis de ses fonctions en février 2024, peu après l'ouverture de l'enquête, alors qu'il était visé par au moins huit plaintes, pour des violences, mais aussi des agressions sexuelles et des viols.
L'autre est un ancien surveillant général.
Le collectif de victimes de cet établissement privé sous contrat, longtemps réservé aux garçons, a recensé à ce jour 132 plaintes, soit une quinzaine de signalements supplémentaires arrivés en quelques jours.Le parquet en confirmera le nombre total à l'issue des gardes à vue qui ont débuté mercredi après-midi et peuvent durer jusqu'à 48 heures, a indiqué le procureur.
Parmi ces plaintes, "rares" sont celles qui ne sont pas frappées par la prescription, estime Alain Esquerre, porte-parole du collectif.
L'avocat Me Jean-François Blanco, qui représentait en 1996 un élève ayant déposé une première plainte pour violences physiques contre l'établissement, souligne néanmoins que la période évoquée par le procureur, de 1957 à 2004, "permet de situer les crimes dans leur sérialité".
"Il s'agit d'un critère fondamental pour l'appréciation sur la prescription", a-t-il expliqué à l'AFP.Selon la loi de 2021 visant à renforcer la protection des mineurs contre les crimes et délits sexuels, le délai de prescription d'un premier viol peut en effet être prolongé si la même personne récidive sur un autre mineur.
Ces interpellations sont intervenues quatre jours après une réunion, à Pau, entre des victimes et le Premier ministre François Bayrou, mis en cause dans ce dossier depuis la parution début février de témoignages affirmant qu'il était au courant de premières accusations entourant l'établissement dans les années 1990, ce qu'il dément.
En parallèle de l'enquête judiciaire, la commission des affaires culturelles et de l'éducation à l'Assemblée nationale a voté mercredi, à l'unanimité, la création d'une commission d'enquête "sur les modalités du contrôle de l'État et de la prévention des violences dans les établissements scolaires".