Au Mont Mézenc, Wauquiez esquisse sa ligne de crête, ni avec ni contre la macronie

Les Estables (France) (AFP) - Le leader de la droite Laurent Wauquiez a effectué dimanche sa rentrée politique au Mont Mézenc (Haute-Loire) en esquissant une ligne de crête ténue entre le rejet des "extrêmes" et son refus de participer à un gouvernement, sans préciser s'il censurerait un exécutif sans LFI.
Avant un nouveau round de négociations à l'Elysée, qui pourraient déboucher sur la nomination d'un Premier ministre, le député de Haute-Loire a rassemblé plusieurs centaines de personnes sur ses terres pour sa 13e ascension du Mont Mézenc.
La droite a présenté en juillet un "pacte législatif" qui ouvre de nombreuses convergences avec les macronistes, mais se refuse à toute "coalition" avec le camp présidentiel.Une position d'équilibriste défendue vendredi à l'Elysée par M. Wauquiez et les autres responsables du parti, Bruno Retailleau et Annie Genevard.
"Nous défendrons nos idées et nous voterons les lois qui iront dans le bon sens", a promis dimanche le patron de la Droite républicaine, le nom de son groupe de 47 députés à l'Assemblée nationale, dont il a pris la tête après les législatives anticipées de juin.
- "Barrage" à La France insoumise -
Dans son discours d'une quarantaine de minutes, le député s'en est pris essentiellement à LFI et au RN, promettant de ne jamais rejoindre les "extrêmes", tout en réservant ses attaques les plus dures contre La France insoumise, allant jusqu'à dire qu'elle est "sans doute le plus grand danger politique pour notre pays", et promettant de lui "faire barrage".
Il s'en est pris directement à Jean-Luc Mélenchon, l'accusant notamment "d'avoir une responsabilité immense dans la banalisation de l'antisémitisme" en France.
Après avoir réitéré vendredi que la Droite républicaine censurerait un gouvernement avec des ministres insoumis, M. Wauquiez n'a pas répondu à la question, posée par M. Mélenchon samedi, de savoir si elle ferait de même face à un exécutif dirigé par Lucie Castets sans participation de LFI.
Il a aussi taclé cette dernière, estimant que son "seul titre de gloire est d’avoir ruiné la ville de Paris", en tant que haut fonctionnaire au service de la collectivité parisienne.
Dans l'entourage du député, on se dit pas concerné "par ce match de ping-pong entre le président de la République et LFI".
Plusieurs responsables de droite ont au demeurant déjà répondu à la question, à l'instar de Bruno Retailleau, le chef des sénateurs LR: "Pour nous c'est non aux ministres LFI et non à un programme inspiré par LFI.Nous sommes opposés à leur participation à un gouvernement, comme à leurs idées", avait-il affirmé samedi.
Appelant à reconstruire la droite pour sortir la France de "l'impuissance", M. Wauquiez a également fustigé Marine Le Pen, l'accusant de soutenir "l'assistanat".
Et, à l'heure où des noms de droite circulent pour Matignon comme ceux de Xavier Bertrand ou Valérie Pécresse, Laurent Wauquiez a épargné la macronie, à l'exception de quelques piques habituelles sur "l'en-même-temps".
Interrogée dimanche sur France Inter, Mme Genevard a jugé préférable que le futur locataire de Matignon ne soit pas "issu des partis politiques" de manière à "rassembler" le plus largement.
- Intervention de Macron lundi ? -
Les tractations pour Matignon reprendront lundi.Emmanuel Macron recevra Jordan Bardella et Marine Le Pen pour le RN, puis Eric Ciotti, ainsi que les présidents du Sénat Gérard Larcher et de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet.
Le président de la République pourrait s'exprimer dans la foulée, dans un format qui n'est pas arrêté.
De nouvelles consultations pourraient être organisées mardi, en fonction du résultat de ce premier cycle de discussions, selon l'Elysée qui n'a pas donné de calendrier pour la nomination d'un chef de gouvernement, alors que celui de Gabriel Attal est démissionnaire depuis le 16 juillet.
De nombreuses voix le pressent de nommer rapidement un Premier ministre, alors qu'approchent la rentrée scolaire (2 septembre) et la présentation du budget.
Le coordinateur de LFI Manuel Bompard a dénoncé une nouvelle fois dimanche en clôture des universités d'été du mouvement, les "manœuvres du président de la République pour empêcher (la gauche) de gouverner le pays".
La secrétaire nationale d'EELV Marine Tondelier a salué sur RTL la proposition de M. Mélenchon: "C'est la preuve qu'il est bien plus constructif que ceux qui nous donnent des leçons de morale (...) Ca inverse la charge de la preuve, on va arrêter de dire que c'est nous le problème", a-t-elle dit.