Bétharram: le porte-parole des victimes "exhorte la congrégation" à sortir du "mutisme"
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Pau (AFP) - Le porte-parole du collectif des victimes de violences physiques et sexuelles à Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), Alain Esquerre, a appelé la congrégation qui dirigeait cet établissement privé à sortir du "mutisme", jeudi après une rencontre avec le procureur de la République de Pau.
"Nous exhortons la congrégation des pères (du Sacré-Cœur) de Jésus-de-Bétharram à sortir de leur mutisme et à plaider coupables, afin de reconnaître l'entièreté de leurs responsabilités pour les agissements criminels de leurs prêtres, ainsi que de leurs préposés laïcs, agissant sous leur entière autorité", a-t-il déclaré.
Lors de cette entrevue de près de trois heures avec le magistrat qui a annoncé la semaine dernière l'ouverture d'une information judiciaire sur les faits dénoncés commis entre 1955 et 2004, les 49 victimes reçues ont exprimé leur "énorme angoisse de ne voir pour le moment qu'un seul surveillant en détention", a ajouté M. Esquerre.
Cet homme, né en 1965, a été mis en examen pour viols et agression sexuelles et placé en détention provisoire.Les deux seules autres personnes encore vivantes accusées de crimes similaires dans ce dossier, un prêtre né en 1931 et un autre ancien surveillant, né en 1955, ont en revanche été relâchées, car ils bénéficient de la prescription des faits.
Les victimes ont également renouvelé leur "demande d'ouverture d'une information judiciaire contre la personne morale de Bétharram", mais "en l'état actuel du dossier, il n'est pas possible d'en ouvrir une", a indiqué M. Esquerre.
"Cependant, si des victimes plus récentes se manifestent, un nouvel examen sera possible", a-t-il ajouté, demandant à nouveau aux parents d'élèves et aux anciens élèves qui auraient subi des sévices similaires de le faire savoir.
"On ne les lâchera pas", a-t-il encore lancé à l'adresse de "tous ces agresseurs"."Il y aura des poursuites contre eux, au civil, qui seront intentées, soit individuellement, soit par le collectif".
"Ce dossier de Bétharram, nous allons le porter haut, fort.Et je pense qu'il va faire partout en France jurisprudence", a conclu M. Esquerre.
Le procureur Rodolphe Jarry n'a pas donné d'éléments sur l'instruction."C'est le moment des victimes ce matin", a-t-il simplement déclaré, évoquant "une réunion dense, pleine d'émotion avec parfois, et c'est bien légitime, des moments d'incompréhension et de colère".
"C'était un moment important pour les victimes, pour leur expliquer quelle a été la pédagogie du parquet et leur dire que cette affaire n'est pas terminée puisqu'une information judiciaire est en cours et qu'un juge d'instruction est en charge du dossier", a-t-il ajouté.