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Des patrons de la distribution au Salon de l'agriculture, vraie avancée ou "coup de com'"?

Des patrons de la distribution au Salon de l'agriculture, vraie avancée ou "coup de com'"?
Publié le , mis à jour le

Paris (AFP) - Des patrons de la grande distribution au Salon de l'agriculture mercredi, invités par Karine Le Marchand: motif d'espoir pour la rémunération du monde agricole, ou "énième coup de communication", comme le disent les transformateurs de l'agro-industrie ? Les rapports restent tendus dans la chaîne alimentaire française.

François-Xavier Huard, président de la Fédération patronale de l'industrie laitière (Fnil), a osé l'humour: "L'amour est peut-être dans le pré, mais pas dans les salles de négociations" où les entreprises du secteur agro-industriel négocient jusqu'au 1er mars avec leurs clients de la grande distribution les conditions de commercialisation d'une large partie de ce qui sera vendu en magasins en 2025.

Il faisait référence à l'émission de téléréalité de Karine Le Marchand où des agriculteurs cherchent l'amour.L'animatrice, soutien revendiqué du monde agricole, a organisé une prise de parole des patrons de la grande distribution, lors du Salon international de l'agriculture (SIA) mercredi.

A l'exception de Michel-Edouard Leclerc, les figures les plus médiatiques du secteur sont annoncées à partir de 09H00 au Salon: Alexandre Bompard (Carrefour), Thierry Cotillard (Mousquetaires/Intermarché), Dominique Schelcher (Coopérative U), Guillaume Darrasse (Auchan) et Philippe Palazzi (Casino). 

A elles cinq, ces enseignes représentent près des deux tiers des parts de marchés du gigantesque secteur de la grande distribution alimentaire.

- "Détourner l'attention" -

L'objectif est de présenter des "actions pour soutenir l'agriculture française", alors que la grande distribution est accusée de tirer les prix vers le bas dans une stratégie préjudiciable aux agriculteurs. 

"A force de croiser des Français qui me disent +Comment on peut aider nos petits agriculteurs?+ Je me suis dit, il faut qu'on inverse la chose et qu'on passe par la source, la grande distribution", a expliqué Karine Le Marchand, invitée de RTL mercredi matin. 

"L'arme suprême" pour trouver des solutions pour les agriculteurs "vient des consommateurs, et du porte-monnaie", selon la présentatrice.

Depuis des mois, les distributeurs multiplient les annonces affirmant leur prise en compte des inquiétudes du monde agricole. 

Les enseignes présentes mercredi au Salon vont proposer "des aides concrètes", notamment concernant le problème de "la surproduction", a indiqué la présentatrice vedette sur RTL. 

Des propositions qui porteront leurs fruits seulement "si les consommateurs suivent", a-t-elle insisté. 

Reste le scepticisme suscité par cette initiative, taclée mardi par l'Ania (Association nationale des industries alimentaires): le représentant des agro-industriels qui transforment le blé en farine ou biscuits ou les légumes en salades composées y voit un "énième coup de communication" visant à "détourner l'attention".

"Non", cette initiative au Salon de l'agriculture avec Karine Le Marchand "n'est pas un coup de communication", a rétorqué sur X le patron de Coopérative U, Dominique Schelcher, assurant n'avoir "pas besoin de cela pour agir avec le monde agricole".

Quant à la fédération des supermarchés (FCD), elle a assuré que les "distributeurs respectent la sanctuarisation de la matière première agricole, comme l'exige la loi Egalim".

- Importants partenaires -

Pour habituelle qu'elle soit à quelques jours de la fin des négociations annuelles, la passe d'armes témoigne de la défiance entre ces géants économiques qui, malgré les joutes verbales, restent d'importants partenaires commerciaux.

En décembre, Nicolas Facon, nouveau PDG de l'Ilec, porte-voix en France des gros industriels, avait dit à l'AFP souhaiter que l'ensemble des parties prenantes se mettent autour de la table pour réfléchir aux défis posés à la chaîne alimentaire, "la souveraineté alimentaire, notre compétitivité, la relance de la consommation et du pouvoir d'achat" ou la transition environnementale.

Depuis, les industriels ont une nouvelle fois regretté les tensions dans les négociations pour 2025, tandis que les distributeurs ont eux déploré des demandes de hausses de tarifs très élevées, voire injustifiées, de la part de certains fabricants.

Mi-février, la ministre de l'Agriculture Annie Genevard avait dit dans La Tribune vouloir "ajuster" le dispositif législatif Egalim, censé garantir une meilleure rémunération des agriculteurs.Elle avait précisé que les négociations commerciales se tenant actuellement allaient influer sur "les contours du projet de loi", qui pourrait être présenté d'ici l'été.

A noter toutefois que la grande distribution n'est qu'un des débouchés de la production agricole, aux côtés de la restauration ou des grossistes par exemple.Selon la déléguée générale de la FCD Layla Rahhou, les grandes et moyennes surfaces commercialisent "36% de la production française" agricole dans leurs rayons.

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