Est-il possible d’être ministre sans être spécialiste de son domaine, comme Elisabeth Borne?
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La nouvelle ministre de l'Éducation nationale suscite de nombreuses discussions depuis peu, arguant que les ministres n'ont pas nécessairement besoin d'être experts dans leur domaine. Qu'en pensez-vous, est-ce une approche justifiée ?
Tl;dr
- Elisabeth Borne, nouvelle ministre de l’Éducation, déclare ne pas être spécialiste de l’éducation.
- Des experts estiment qu’un ministre n’a pas besoin d’être un spécialiste technique de son domaine.
- Les ministres doivent plutôt être de bons managers et communicants, selon Pierre Égéa, professeur de droit constitutionnel.
Elisabeth Borne : ministre de l’Éducation sans expertise en éducation
La nomination d’Elisabeth Borne à la tête du ministère de l’Éducation a suscité une certaine polémique. En effet, l’ex-Première ministre a ouvertement admis ne pas être une spécialiste des sujets liés à l’éducation. Cette déclaration a soulevé des interrogations sur la compétence des ministres en général.
Le rôle d’un ministre : spécialiste ou manager ?
Néanmoins, selon Virginie Martin, politologue et professeure-chercheuse à la Kedge Business School, cette polémique est un « faux débat ». Elle souligne que rares sont les ministres « spécialistes » de leur domaine. Pour Pierre Égéa, professeur de droit constitutionnel à l’université de Toulouse, l’erreur d’Elisabeth Borne a été de le dire.
En effet, « un ministre, c’est un pilote généraliste, un pilote de l’État », explique Virginie Martin. Elle souligne que l’expertise technique est souvent apportée par les collaborateurs et partenaires des ministres. Pierre Égéa confirme cette vision, soulignant que le rôle d’un ministre est de mettre en œuvre les idées politiques.
Des ministres techniques : une solution ?
L’exemple d’Emmanuel Macron, qui n’était pas un spécialiste des questions économiques lorsqu’il a été nommé ministre de l’Économie, montre que l’expertise technique n’est pas toujours nécessaire. De plus, un ministre trop technique peut aussi être critiqué, comme l’a été Pap Ndiaye, ancien ministre de l’Éducation nationale.
Les qualités demandées à un ministre ne sont pas toujours techniques. « Un spécialiste peut vite devenir militant, et s’enfermer dans une manière de penser », estime Virginie Martin. À l’inverse, « on demande avant tout aux ministres d’être de bons managers, et de bons communicants », selon Pierre Égéa.
Compétence et expertise : des notions différentes
Être non spécialiste ne signifie pas être incompétent. Elisabeth Borne, bien qu’elle n’ait jamais été dans le milieu éducatif, a une riche expérience politique qui lui permet de comprendre les rouages de l’État. Enfin, Virginie Martin conclut : « On ne demande pas au Premier ministre d’être spécialiste des ministres, à ce que je sache ».