Evasion mortelle de Mohamed Amra: le rappeur Koba LaD mis en examen

Paris (AFP) - Les investigations sur l'évasion mortelle en 2024 de Mohamed Amra progressent: le rappeur Koba LaD a été mis en examen vendredi à Paris, ses avocats dénonçant un dossier reposant "sur rien".
"La mise en examen de Koba LaD dans ce dossier ne repose tout simplement sur rien.Ses auditions ont permis de démontrer que Koba LaD n'a aucun lien avec l'évasion et la cavale de Mohamed Amra, il ne les a pas préparées, ne les a pas financées, n'en était pas informé et n'y a pas participé", ont réagi dans un communiqué à l'AFP ses deux avocats, Stéphane Cherqui et Arthur Vercken.
"Il n'est pas mis en examen en raison de preuves qui seraient au dossier mais à cause de sa notoriété et au seul prétexte qu il connaît des protagonistes de l'affaire", ont-ils ajouté, se disant "déterminés" à "faire reconnaître l'innocence" du rappeur.
De son vrai nom Marcel Junior Loutarila, Koba LaD, 24 ans, avait été extrait de sa cellule lundi.Il est actuellement en détention provisoire en attendant d'être jugé pour homicide involontaire aggravé, après la mort d'un de ses passagers dans un accident de voiture en septembre 2024 à Créteil.
A l'issue de sa garde à vue, il a été mis en examen par un juge d'instruction de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), ont indiqué à l'AFP deux sources proches du dossier.
Il est poursuivi pour association de malfaiteurs en vue de commettre un délit puni de cinq ans, a précisé l'une des sources.
Il sera présenté dans la soirée à un juge des libertés et de la détention qui statuera sur son placement en détention provisoire, requis par le parquet, dans le cadre de cette affaire.
Cinq autres personnes ont été présentées vendredi à des juges d'instruction en vue de leur mise en examen.
Au total, 25 personnes ont été interpellées lundi (23 en France et deux en Allemagne) dans le dossier de l'évasion du narcotrafiquant au péage d'Incarville (Eure), au cours de laquelle deux agents pénitentiaires avaient été tués et trois autres blessés le 14 mai 2024, a précisé le parquet.
Les personnes arrêtées en Allemagne sont "désignées par les autorités roumaines comme ayant accompagné Mohamed Amra dans son périple vers la Roumanie", selon la même source.
Un homme, interpellé à Marseille lundi, "sera présenté ultérieurement aux juges d'instruction", a-t-il complété.
Les autres gardes à vue ont été levées.
Par ailleurs, un homme de 24 ans, Adonis C., considéré comme "un très proche" de Mohamed Amra par les enquêteurs, "s'est présenté mercredi au service de l'immigration de Phuket en Thaïlande", selon le parquet.
En fuite, il faisait l'objet d'une notice rouge Interpol.Son extradition en France est attendue la semaine prochaine.
Deux autres suspects, arrêtés au Maroc, sont dans l'attente d'une extradition.
- "Basses œuvres" -
Jusqu'à présent, au moins 29 personnes, dont Mohamed Amra et Koba LaD, ont été mises en examen dans cette affaire aux multiples ramifications.
Parmi les mis en examen figurent, selon les enquêteurs, des membres présumés du commando ayant attaqué aux fusils d'assaut le fourgon pénitentiaire qui transportait Mohamed Amra lors d'un transfèrement.
Outre Amra, six personnes sont suspectées d'avoir fait partie du commando: deux guetteurs - dont l'un a aussi conduit un véhicule - deux autres conducteurs de véhicule et deux passagers.
Parmi les suspects figurent également des personnes semblant avoir eu un rôle logistique plus secondaire.
Après neuf mois de cavale, Mohamed Amra avait été interpellé à Bucarest le 22 février, remis à la France dans les jours suivants, mis en examen et incarcéré à l'isolement.
Certains suspects sont soupçonnés d'appartenir à la "Black Manjak Family", présentée comme une organisation criminelle basée en Normandie et spécialisée dans les stupéfiants avec de possibles liens avec Koba LaD.
Selon une troisième source proche du dossier, un "certain nombre de suspects appartiennent" à la "BMF", qui serait d'abord "une sorte de label, un signe de reconnaissance autour de Koba LaD".Ce groupe pourrait avoir une "double activité, la sécurité de rappeurs et des basses œuvres pour se financer", selon elle.
En janvier, Koba LaD a été condamné à 15 mois d'emprisonnement à Melun pour des violences en 2022 sur son manager historique, que le musicien accuse d'escroquerie à son encontre.