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Fusillade à Rennes liée au trafic de drogue: le commando écroué

Fusillade à Rennes liée au trafic de drogue: le commando écroué
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Rennes (France) (AFP) - Leur but était de reconquérir un point de deal: les quatre hommes, âgés de 21 à 23 ans, suspectés d'avoir formé un commando et d'avoir tiré à plusieurs reprises en pleine journée dans un quartier populaire de Rennes jeudi, ont été mis en examen et écroués.

Trois des assaillants ont été mis en examen des chefs d'association de malfaiteurs et tentative de meurtre en bande organisée et encourent "une peine de réclusion criminelle à perpétuité", a annoncé mardi Frédéric Teillet, procureur de la République de Rennes dans un communiqué.

Le quatrième a été mis en cause pour trafic de stupéfiants et association de malfaiteurs, soit une peine encourue de dix ans.

La fusillade, survenue vers 17H30 à une heure où le quartier Villejean est très animé, avait fait trois blessés par balle dans une sandwicherie, tandis qu'un quatrième homme avait été percuté par la voiture des tireurs.Le pronostic vital de cette dernière victime n'est plus engagé, a indiqué mardi matin M. Teillet. 

Les investigations menées par la Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS) de Rennes sous l'autorité du parquet JIRS de la ville ont permis d'établir que les quatre suspects "sont impliqués dans le trafic de produits stupéfiants organisé par un réseau d'individus originaires de la région parisienne sur la dalle Kennedy (à Villejean), depuis le mois de janvier", d'après le magistrat.

Le 14 avril, "après plusieurs jours d'assauts violents, ce clan a été évincé par le groupe des Villejeannais, qui a repris possession du terrain qu'il estimait être le sien", explique-t-il.

L'un des mis en cause, originaire de la région parisienne et qui a reconnu son implication dans le trafic de stupéfiants et sa participation au commando "était notamment chargé de filmer la scène pour le commanditaire et de brûler le véhicule, qu'il savait volé et à proximité duquel il a été interpellé".

"Leur équipement (armes, vêtements, voiture volée…) et leur mode opératoire ont démontré leur détermination extrême à reconquérir par tous les moyens le point de deal, à la demande de leurs commanditaires, en éliminant physiquement leurs concurrents et en prenant le risque de blesser, en plein après-midi, toute personne se trouvant à proximité", a dénoncé M. Teillet.

- "Carnage" évité -

Après avoir vu "la clientèle évoluer" de son restaurant et averti "le préfet, le procureur" de l'existence d'un point de deal dans les toilettes, le gérant de la sandwicherie visée par les tirs a expliqué avoir vu les vendeurs de stupéfiants déplacer leur point de vente.

Jeudi, "on a évité un carnage", a affirmé mardi Patrick Rety, montrant les impacts de balle dans les meubles de son établissement.

Pour Anaïg Faur-Le Fur, habitante du quartier depuis 1965, "la situation s'est dégradée" en raison du trafic de drogue ces dernières années. 

Elle appelle les habitants à "occuper l'espace public" comme "s'asseoir dans le petit parc"."Parce que malheureusement, ce ne sont pas les enfants qui l'occupent, ce sont les dealers", déplore l'octogénaire. 

En visite mardi sur les lieux de la fusillade, la ministre de la Ville Juliette Méadel a estimé que "lutter contre le trafic de drogue, c'est aussi commencer à la racine".Elle a assuré venir "avec des propositions pour soutenir les mères de famille seules". 

"Tout se joue dès l'enfance, tout se joue entre 9 ans et 13 ans", a-t-elle insisté devant quelques mères du quartier l'appelant à "investir davantage" dans le tissu associatif de ce quartier.

"Où sont les pères de ces enfants qui sont victimes du trafic ?", a tancé la ministre."Ce sont les femmes qui tiennent le quartier, qui assument toutes les responsabilités."

Présent jeudi dans la sandwicherie par hasard lors de la fusillade, l'élu municipal (Horizons) Charles Compagnon a confié mardi à Mme Méadel avoir eu la sensation de "voir la mort en face".

"Quand on a appris que (les tireurs) avaient été arrêtés, ça a été un gros soulagement.On s'est dit qu'(ils) ne sont plus dans la rue et ça nous a aidés à revenir ici."

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