Elisabeth Borne appelle à un « sursaut » contre le harcèlement des enfants
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Paris (AFP) – « Ne minimisons pas ce que vivent les enfants »: Élisabeth Borne a appelé jeudi à un « sursaut » contre le harcèlement, en lançant une nouvelle campagne nationale destinée à sensibiliser les adultes pour mieux entendre la parole des victimes.
« On a vraiment besoin d’un sursaut collectif sur ce sujet.On le voit, il y a encore trop d’adultes qui ne sont pas conscients de l’ampleur, de l’impact du harcèlement sur nos jeunes.On entend souvent +c’est des chamailleries entre enfants+, +c’est l’âge qui veut ça+, +ça va passer+ », a souligné la Première ministre dans la cour du collège Claude Debussy à Paris, accompagnée par l’épouse du président Brigitte Macron, engagée de longue date sur ce sujet, et le ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal.
Les adultes doivent « écouter, agir, ne pas minimiser » le harcèlement, tandis que pour les jeunes, « c’est osez parler », a-t-elle ajouté.L’an dernier, la campagne s’adressait davantage aux élèves avec cette question: « Et si l’autre c’était toi? ».
Si les jeunes « parlent, c’est qu’il y a forcément quelque chose.Il faut qu’on creuse et qu’on sache ce qu’il y a derrière », a renchéri Brigitte Macron.
La Première ministre avait dévoilé fin septembre un plan interministériel contre le harcèlement, promettant une « mobilisation générale », avec désormais un numéro unique d’appel, le 3018.
Au collège, Elisabeth Borne a assisté à la distribution à des élèves de sixième d’un questionnaire d’auto-évaluation, mis en place depuis la rentrée, pour « faire émerger » des situations de harcèlement, mais aussi « avoir des données actualisées », a expliqué Gabriel Attal.
Entre 800.000 à 1 million de jeunes sont harcelés chaque année, mais les chiffres datent de 2011.
Deux heures sur le temps scolaire seront consacrées à ce questionnaire entre ce jeudi et le 15 novembre.
– « Des embrouilles » –
Elle a ensuite échangé avec 86 « ambassadeurs » anti-harcèlement et les équipes pédagogiques du dispositif « pHARe » de lutte contre ce fléau, devenu obligatoire dans chaque établissement scolaire.
Une élève se plaint d’avoir été mal reçue par une enseignante. »C’est pour ça que c’est important aussi de former » au harcèlement, a répondu Elisabeth Borne.
La campagne audiovisuelle met en avant des situations qui peuvent sembler anodines: dans un clip vidéo, trois adultes échangent à propos de Sacha.
« Je crois que l’école, Sacha, c’est de moins en moins son truc », raconte sa mère. »Parce que c’était notre truc à nous l’école ? » lui répond une femme. »Là il y a encore des embrouilles…j’ai essayé d’en parler mais on m’a dit que je m’inquiétais pour rien », ajoute la mère de la fillette.
« Faut bien que jeunesse se passe », lance un homme, avant des images de la fillette qui se fait bousculer par des camarades la traitant de « bouffonne ».
Pour lutter contre le cyberharcèlement, les plateformes TikTok et Instagram ont par ailleurs annoncé jeudi qu’elles aideraient leurs utilisateurs victimes ou témoins à appeler le 3018 avec un bouton d’appel dédié qui permettra de joindre directement les écoutants.