"Je n'avais jamais vu ça": l'Est de La Réunion frappé de plein fouet par le cyclone

Bras-Panon (France) (AFP) - "55 ans que j'habite là, j’ai vécu plusieurs cyclones, je n'ai jamais vu ça".A Bras-Panon, frappé de plein fouet comme tout l'Est de La Réunion par le cyclone Garance, le toit de la maison de Krishna Cadivel a été emporté comme un fétu de paille.
"Je suis sûr que ça a soufflé à plus de 200 km/h", glisse ce père de famille de 55 ans, samedi, au lendemain du passage dévastateur du cyclone.
Avec son épouse et sa fille, ils se sont précipités au rez-de-chaussée de la maison."On a fini par s’enfermer dans le garage pour plus de sécurité et on y est resté jusque dans l’après-midi" vendredi, raconte-t-il.
Son toit s’est disloqué.Les morceaux ont percuté trois maisons situées de l’autre côté de la rue.
Une vingtaine de proches et de voisins des Cadivel sont venus samedi l'aider à déblayer les gravats et essayer de sauver ce qu’il reste de meubles."Ca ne sert à rien de s’apitoyer sur son sort.J’ai construit la maison de mes mains au fil des années, je vais la reconstruire", confie, philosophe, M. Cadivel.
- "Fracas énorme" -
Si sa femme et sa fille vont aller dormir chez des proches, lui compte rester au milieu des gravats pour dissuader d'éventuels voleurs.
Le cyclone, qui a fait quatre morts, a "défiguré" l'ensemble de l'île, selon le préfet.Mais il a été particulièrement dévastateur au nord et à l'est de l'île du territoire de l'océan Indien.
Les vents destructeurs de Garance ont ainsi gravement endommagé la maison de Thérèse Bortel à Petit Saint-Pierre, quartier de Saint-Benoît, une commune de l’Est.
"Le toit s’est soulevé et a failli voler sur notre maison qui se trouve à l’arrière", raconte Jimmy Bortel, le fils de Thérèse Bortel."Mes parents ont pu venir se réfugier chez nous juste à temps".
"Je n’avais jamais vu ça, je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie", confie-t-il.Sa mère est encore choquée."Quand je suis arrivée chez mon fils, juste derrière, je me suis assise par terre et je me suis mise à pleurer.Déjà que je n’avais pas grand-chose là, je n’ai plus rien", témoigne Thérèse Bortel.
Comme d'autres habitants de cette partie de l'île, elle déplore l’absence d'élus ou d'agents publics: "Personne de la mairie n’est encore venu me voir, je ne sais plus vers qui me tourner".
Non loin, entre les communes de Sainte-Rose et Saint-Benoît, une habitante a elle aussi vu son toit arraché brutalement.Il est désormais encastré dans un talus au-dessus d'une route quatre-voies.
Vendredi matin, en pleine alerte violette imposant un confinement strict, y compris aux secours et aux forces de l’ordre, "il y a eu un fracas énorme et le toit est parti", raconte l'habitante de la maison privée toit, une mère de famille qui souhaite rester anonyme.
- "Je suis perdue" -
"Il pleuvait à verse, toute la pluie est entrée dans la maison.Avec mon compagnon et notre fils, nous nous sommes réfugiés au rez-de-chaussée de la maison", décrit-elle.
"J’ai appelé les pompiers, je conçois qu’ils ne pouvaient pas sortir en alerte violette mais ils ne m’ont même pas demandé mon adresse, c’est à peine s’ils ont noté le secteur où je me trouvais et ils m’ont dit de me mettre à l’abri", ajoute-elle.
Depuis la levée de l'alerte, "personne, ni les pompiers, ni le maire, ni aucun élu, ni le préfet n'est venu voir sur place si nous n’étions pas tous morts", s'emporte cette mère de famille.
Elle et sa famille vont être hébergés par sa sœur."Je ne sais pas combien de temps ça va durer, je ne sais pas combien de temps l’assurance va (prendre pour) nous rembourser, je suis perdue, avec personne pour nous soutenir".