Jugé pour viols, un escroc multirécividiste décrit comme en difficulté pour "résister à la frustration"
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Albi (AFP) - Jugé pour viols à Albi, Tony Peillon surnommé le "Rocancourt du Tarn" en raison des multiples arnaques pour lesquelles il a déjà été condamné, a été décrit vendredi comme un homme chez qui "l'immaturité affectivo-émotionnelle" génère "une faible résistance à l'envie, à la frustration" au premier jour de son procès.
Comme Christophe Rocancourt, célèbre pour avoir arnaqué plusieurs stars françaises et américaines, Tony Peillon, 29 ans, s'est inventé plusieurs vies, imaginant faux noms et scénarios pour monter des escroqueries, mais la cour criminelle du Tarn a commencé vendredi à se pencher sur un autre aspect du parcours du jeune homme, abandonné bébé en Thaïlande et adopté à l'âge de trois ans par un couple français.
Cinq femmes l'accusent de viol et une autre le met en cause pour agression sexuelle, des faits qui auraient été commis entre fin 2015 et début 2021, avec en toile de fond différentes arnaques, à Rennes, Albi (Tarn) et Narbonne (Aude), que Tony Peillon nie en bloc.
Peu après l'ouverture des débats, un expert psychiatre a livré une analyse de l'accusé dans laquelle il a évoqué le traumatisme qu'a pu représenter pour lui le fait de n'avoir jamais pu entrer en contact avec l'enfant qu'il a eu avec une jeune femme à l'âge de 18 ans, évènement "central" autour duquel il y a clairement eu "un avant et un après".
- "vision manichéenne" -
Rejeté par la mère de son enfant, M. Peillon, pour qui le mystère entourant sa petite enfance constitue par ailleurs une "tache", s'est par la suite enfermé dans une vision négative des femmes, se voyant "dupé" par elles, un sentiment renforcé par sa "vision manichéenne des autres", selon l'expert psychiatre.
L'examen de M. Peillon fait apparaître une personnalité à l'"immaturité affectivo-émotionnelle en mode limite", synonyme d'une "faible résistance à l'envie, à la frustration", a expliqué le médecin, entendu en visio-conférence.
Tony Peillon peut avoir tendance à vouloir "se donner à lui-même ce qu'il n'a pas reçu de l'autre" et "peut facilement passer outre le consentement" d'autrui, a-t-il également déclaré, décrivant enfin un individu "en grande difficulté (pour) faire un minimum d'examen de conscience".
Interrogé sur ce rapport, l'accusé, tee-shirt noir sur silhouette athlétique, impassible tout au long de la matinée, n'a pas souhaité faire de commentaire.
- "dupées" -
Les victimes présumées "ont été dupées par les différentes histoires que M. Peillon avait inventées", a indiqué à l'AFP Quentin Blanchet Magon, avocat de deux d'entre elles.Il leur aurait subtilisé de l'argent, et même un chien pour l'une d'entre elles.Puis, en plus de les avoir arnaquées, "a profité d'elles".
Selon les témoignages des victimes présumées devant les enquêteurs, l'accusé aurait trouvé un moyen de dormir avec elles ou dans la même pièce.
Face aux soupçons qu'elles aient pu être droguées, les analyses toxicologiques n'ont pas décelé de GHB, la "drogue du violeur", dans leur organisme.
Tony Peillon assure être innocent."Il ne nie pas avoir connu la plupart des victimes, d'ailleurs, pour la plupart, il ne nie pas non plus l'existence de relations (sexuelles), mais qui sont consenties", a affirmé à l'AFP l'un de ses deux avocats, Me Baptiste Bourqueney.
Lors de l'instruction, le jeune homme a prétendu que ces femmes, furieuses qu'il les ait flouées, s'étaient liguées contre lui pour inventer de fausses accusations.Une explication que les investigations n'ont pas permis de corroborer, selon des documents judiciaires consultés par l'AFP.
Le procès de Tony Peillon doit durer jusqu'au 29 janvier. Il encourt jusqu'à 15 ans de réclusion criminelle.