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Le Chilien Zepeda sera rejugé une troisième fois pour l'assassinat de Narumi Kurosaki

Le Chilien Zepeda sera rejugé une troisième fois pour l'assassinat de Narumi Kurosaki
Publié le , mis à jour le

Strasbourg (AFP) - Il sera jugé une troisième fois: par une décision inhabituelle, la Cour de cassation a annulé mercredi la condamnation à 28 ans de réclusion du Chilien Nicolas Zepeda pour l'assassinat de son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki à Besançon en 2016.

Le Chilien avait été condamné en appel en décembre 2023 par la cour d'assises de la Haute-Saône à la même peine qu'en première instance.Il sera de nouveau jugé pour l'assassinat de son ancienne petite amie japonaise, cette fois par la cour d'assises du Rhône, a indiqué la Cour de cassation, précisant que sa décision n'entraînait pas la remise en liberté de l'accusé.

Le fait que le corps de la jeune femme n'ait jamais été retrouvé n'a pas constitué la base de la décision de la Cour de cassation.Celle-ci a cassé l'arrêt de la cour d'assises de la Haute-Saône car un des enquêteurs avait utilisé dans sa déposition des projections de documents Powerpoint non communiqués au préalable aux avocats de la défense.En outre, ce même enquêteur avait "de facto, et de sa propre initiative, effectué de nouveaux actes d'enquête", avaient exposé les avocats du Chilien devant la Cour de cassation.

"C'est une vraie victoire et c'est la possibilité pour M. Zepeda de continuer à faire valoir son innocence à l'occasion de ce troisième procès", a réagi auprès de l'AFP Patrice Spinosi, l'avocat du Chilien devant la Cour de cassation.

- "Fatigué par la détention" -

"Il attendait beaucoup la décision de la Cour de cassation donc il est évidemment très satisfait de pouvoir retourner devant des juges et de pouvoir de nouveau faire valoir son innocence", a poursuivi Me Spinosi."Il est évidemment fatigué par la détention, mais il reste tout à fait combatif et aspire à ce que ce troisième procès puisse lui permettre de faire valoir sa vérité et qu'il puisse enfin être reconnu comme étant innocent du crime."

Selon le conseil, le nouveau procès devrait intervenir d'ici "six à dix mois".

"Il y a encore plus d'incertitudes que de certitudes, cette décision confirme qu'il y a eu une campagne soutenue pour violer la procédure régulière, avec l'objectif de renforcer la faible accusation avec laquelle le procureur a présenté cette affaire", a également réagi dans un communiqué la famille de Nicolas Zepeda.

"En tant que famille, nous espérons que la procédure régulière sera respectée, que nous parviendrons à la vérité."

Contactée par l'AFP, Sylvie Galley, l'avocate de la famille de Narumi, n'avait pas encore pu recueillir la réaction des proches de l'étudiante japonaise.

Nicolas Zepeda, issu d'une famille aisée et aujourd'hui âgé de 34 ans, avait été extradé du Chili en juillet 2020.Il a toujours nié avoir tué Narumi Kurosaki, 21 ans, malgré les nombreux éléments à charge.

- "Mâle blessé" -

Il avait rencontré Narumi et était devenu son petit ami lors de ses études au Japon.La jeune femme, étudiante brillante, avait ensuite poursuivi son cursus en France, à Besançon, où elle avait mis fin à leur relation.

Nicolas Zepeda était venu du Chili la retrouver début décembre 2016, pour essayer de la reconquérir, selon lui.Il avait espionné la jeune femme durant plusieurs jours dans sa résidence universitaire et celle-ci a disparu après une soirée au restaurant avec le Chilien.

Souvent empêtré dans ses contradictions durant les deux premiers procès d'assises, celui-ci n'avait pas réussi à convaincre les jurés de son innocence.

L'avocat général Etienne Manteaux avait pointé lors du procès à Vesoul un crime de "possession" de Nicolas Zepeda, enraciné dans un orgueil de "mâle blessé", jaloux, qui n'avait pas supporté d'être éconduit par Narumi.

Sans pouvoir détailler précisément les faits, le magistrat avait avancé le scénario suivant: dans la nuit du 4 au 5 décembre 2016, dans la chambre universitaire de Narumi, Nicolas Zepeda a sans doute "étouffé" ou "étranglé" la jeune femme qui avait manifestement refusé de reprendre le fil de leur relation.

Il s'est ensuite débarrassé du corps dans une zone boisée où il avait fait des repérages auparavant."Un féminicide", avait soutenu M. Manteaux.

Le corps de la jeune femme n'a jamais été retrouvé.

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