Le gouvernement appelle à ne pas céder à la violence après la mort de Thomas
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Crépol (France) (AFP) – Le gouvernement a tenté lundi d’apaiser les tensions suscitées par la mort de Thomas, poignardé à la fin d’un bal dans la Drôme, et sa récupération par l’ultradroite qui a organisé des rassemblements violents ce week-end.
En déplacement dans le village endeuillé de Crépol, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran a appelé à « ne pas répondre par la violence à la violence ».
Ce qui a coûté la vie au lycéen de 16 ans n’est pas « une simple rixe » mais « un drame qui fait courir le risque d’un basculement de notre société », a-t-il déclaré.
Mais « c’est à la justice de rendre justice.Pas aux Français eux-mêmes », a poursuivi le ministre, en fustigeant « les factions de l’ultradroite animées par la haine et par le ressentiment ».
En parallèle, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a adressé un télégramme aux préfets, ainsi qu’aux responsables de la police et de la gendarmerie, pour leur demander d’empêcher tout rassemblement visant « à ajouter du désordre, de la violence et de la division dans notre société ».
Son télégramme faisait suite aux attroupements violents de militants d’ultradroite, ce week-end, à Romans-sur-Isère, la ville voisine de Crépol.
Une centaine de militants de la mouvance identitaire, venus de toute la France, s’y sont retrouvés « pour en découdre », selon les autorités, avec les jeunes du quartier sensible de la Monnaie, dont seraient issus certains des suspects du drame de Crépol.
– « Avec des bâtons » –
Les militants cagoulés ont été repoussés samedi soir par les forces de l’ordre qui ont procédé à une vingtaine d’interpellations.L’un d’eux a été molesté et dénudé par des inconnus pendant le défilé.
Dimanche, un nouveau rassemblement d’ultradroite a débouché sur sept interpellations, dont quatre jeunes de la Monnaie.
Lundi, des peines de 6 à 10 mois de prison ferme ont été prononcées contre six de ces militants, jugés en comparution immédiate à Valence notamment pour « violences sur policiers ».
« C’était important d’apporter notre soutien » à la famille de Thomas, a tenté de justifier l’un des accusés, qui avait répondu à un appel lancé sur les réseaux sociaux.
« Quand on vient avec des bâtons on ne vient pas pour défendre une cause mais pour attaquer », a rétorqué la procureure Vanina Lepaul-Ercole, qui avait requis jusqu’à un an de prison contre ces hommes, âgés de 18 à 25 ans.
Depuis une semaine, l’extrême droite et une partie de la droite font le lien entre le drame de Crépol et l’immigration, évoquant la « racaille », le « racisme anti-blanc », ou encore le « jihad du quotidien ».
Lundi soir, malgré une interdiction, une quinzaine de militants se sont rassemblés à Lyon « pour Thomas » à l’appel du collectif d’ultradroite Les Remparts.Un « cortège sauvage d’une centaine d’individus » s’est également formé sur la presqu’île avant d’être dispersé par les forces de l’ordre, selon la préfecture.A Grenoble, le rassemblement autorisé « en hommage à Thomas » appelé par une élue de Reconquête n’a agrégé que 60 personnes.
– « Très digne » –
Outre Thomas, décédé après avoir reçu des coups de couteau, huit personnes ont été blessées dans la nuit du 18 au 19 novembre à la fin du « bal de l’hiver » de Crépol, dans des circonstances encore floues.
Premier membre du gouvernement à se rendre sur place, Olivier Véran s’est entretenu avec un blessé, des proches de Thomas et des élus, puis a annoncé qu’un « comité local d’aide aux victimes » se réunirait dans les prochains jours pour leur apporter une assistance administrative, judiciaire et psychologique.
« La réunion a été très digne et dans la bienveillance », a commenté la maire de Crépol, Martine Lagut. »Ça a rassuré les habitants de savoir qu’ils étaient entendus par l’État », a-t-elle ajouté.
A l’extérieur, une septuagénaire qui avait participé au bal tragique, a surtout souhaité que l’auteur des coups mortels soit « puni et qu’on ne lui trouve pas d’excuse ».
Neuf jeunes, interpellés en partie à Toulouse où ils avaient fui, ont été mis en examen samedi, notamment pour « meurtre en bande organisé », un chef passible de la prison à perpétuité.Six d’entre eux, dont deux mineurs, ont été incarcérés.
Face à la presse, Olivier Véran a également évoqué la « colère » suscitée par ce drame. »Vous n’en pouvez plus de ces bandes violentes, nous non plus », a-t-il lâché, en promettant « la mobilisation pleine et entière du gouvernement pour garantir la sécurité de tous les citoyens ».
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