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Le pédocriminel Le Scouarnec interrogé sur ses journaux intimes

Le pédocriminel Le Scouarnec interrogé sur ses journaux intimes
Publié le , mis à jour le

Vannes (AFP) - Joël Le Scouarnec va-t-il en finir avec le "mensonge"?L'interrogatoire très attendu de l'ex-chirurgien, jugé à Vannes pour des viols ou agressions sexuelles sur près de 300 jeunes patients, a repris mardi avec l'examen de son parcours professionnel, avant celui des carnets où il consignait ses actes pédocriminels.

Lundi, au lancement de la deuxième semaine du procès, Joël Le Scouarnec a assuré vouloir désormais "assumer" la responsabilité de ses actes, avouant avoir "menti à tout le monde" jusqu'à son arrestation en 2017 pour le viol de sa voisine de six ans.

Les perquisitions avaient permis aux enquêteurs de saisir quelque 300.000 images pédopornographiques et des fichiers où l'accusé décrivait avec précision les violences sexuelles commises pendant des décennies sur les enfants de son entourage et ses patients, souvent mineurs, dont il indiquait méticuleusement le nom, l'âge et parfois l'adresse.

Ce sont ces "carnets" qui sont au coeur de l'interrogatoire de la cour, qui a débuté lundi et auquel l'ex-chirurgien a répondu d'une voix toujours égale.

Mardi, l'interrogatoire a repris, exceptionnellement dès 9H00, avec l'examen scrupuleux de la carrière du médecin, qui a pratiqué dans une quinzaine d'hôpitaux dans l'ouest de la France et qui est jugé pour des viols ou agressions sexuelles de 1989 à 2014.

"Si j'ai commis un viol, je dirai: +J'ai commis un viol+", a-t-il poursuivi, disant s'être "débarrassé" de son désir pour les enfants depuis son incarcération.

- "Sordide" -

Depuis le début du procès le 24 février, Joël Le Scouarnec a adopté une posture contrite, demandant "pardon" à ses proches à la suite de leurs témoignages, lors de courtes prises de parole.

Cet interrogatoire débuté lundi représente une première occasion pour l'ex-chirurgien de s'exprimer longuement. 

Les premières questions portent sur sa décision de choisir comme spécialité la chirurgie viscérale, puis son passage à la clinique de Loches (Indre-et-Loire), où il est poursuivi pour viols et agressions sexuelles, et de son "départ précipité", de son propre aveu.

Quelqu'un savait-il, demande la présidente Aude Buresi."Je n'ai pas de commentaire", répond le médecin.

La veille, le directeur de l'enquête, le gendarme Sylvain Boissinot, a souligné que l'accusé avait reconnu pendant une garde à vue une partie des viols, lorsqu'il s'agissait de toucher rectal sur des garçons, mais pas les viols avec pénétration vaginale sur les filles, n'avouant que des agressions sexuelles sur celles-ci.

Interrogé lundi sur ses écrits faisant état de viols de fillettes dans ses carnets, le médecin a expliqué "qu'il s'agissait soit d'une exagération de sa part, soit d'un fantasme", s'est souvenu l'officier.

Des écrits qualifiés lundi par leur auteur de "sordides", "crus", "vulgaires"."Oralement, je ne me suis jamais exprimé ainsi, avilissante pour les personnes concernées, avilissante pour moi aussi", a-t-il assuré.

A l'époque, a dit l'ex-chirurgien, il n'avait "aucun état d'âme" pour les victimes, âgées en moyenne de 11 ans.

"Il se montrait fier de ses penchants, il aimait marquer qu'il était pédophile", a souligné le directeur d'enquête.

L'accusé "est quelqu'un qui a avancé, qui a mis des mots sur ses actes, qui a une position qui a fortement évolué", a affirmé lundi Me Thibaut Kurzawa, avocat de Joël Le Scouarnec.

- "Mascarade" -

Pour Marie, une des victimes de l'ex-chirurgien, difficile d'"avoir confiance en sa sincérité".

Me Francesca Satta, avocate de plusieurs parties civiles, a fustigé "cinq heures de mascarade"."Je ne crois pas à sa sincérité.Je pense qu'il est bien préparé".

Doté selon son ex-épouse d'une "mémoire d'éléphant" et adepte des listes de livres, opéras, films, il affiche de troublants trous de mémoire, comme sur son enfance ou une éventuelle relation extraconjugale, mais aussi sur la disparition d'un carnet évoquant d'éventuels faits commis en 1994. 

Mardi matin, il a indiqué avoir une "excellente mémoire pour certaines choses".

Interrogé la veille sur un éventuel traumatisme dans son enfance par la présidente, Joël Le Scouarnec affirme n'avoir "rien trouvé" dans son "passé" qui pourrait "expliquer (son) comportement" pédocriminel.

Pourquoi est-il ainsi?, insiste-t-elle."Je ne sais toujours pas apporter une réponse."

Bien qu'il estime avoir été un bon père pour ses trois fils, il affirme ne jamais avoir eu de gestes incestueux à leur égard -contrairement à trois nièces victimes- mais reconnaît avoir fantasmé sur eux."Il y avait deux personnes: il y avait le pédophile et le père", souligne-t-il.

"J'ai fait tellement de mal que j'ai du mal à le supporter", a avoué l'accusé.

Le procès doit durer jusqu'à début juin, selon le calendrier transmis par la cour.

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