Mais pourquoi diable cet amphibien fait-il des claquettes ?

Mais pourquoi diable cet amphibien fait-il des claquettes ? Dendrobates tinctorius a décidément un comportement étonnant.
La Nature ne cessera jamais de nous surprendre. De par sa formidable diversité dans les espèces, d’une part, mais aussi par les différents comportements que l’on peut observer. Voici aujourd’hui le dendrobate à tapirer ou dendrobate peint, Dendrobates tinctorius, un amphibien que l’on trouve en Guyane et en Amérique du Sud, qui affiche une robe colorée tout en bleu, jaune vif, voire noir profond et qui sécrète un poison très dangereux. Mais cette grenouille fait surtout parler d’elle pour son comportement. En effet, avec ses 2 à 4 centimètres, elle se met parfois à faire des claquettes avec les orteils de ses pattes arrière, et le rythme peut être effréné : jusqu’à 500 tapotements par minute ou 8 par seconde.
Mais pourquoi diable cet amphibien fait-il des claquettes ?
Pour comprendre le pourquoi du comment de ce comportement, des chercheurs de l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign, (États-Unis) ont enregistré pas moins de 22 spécimens pendant leur nourrissement. Dès que la nourriture était à proximité, les tapotements ont grimpé à 389 par minute, contre seulement 50 en l’absence d’encas appétissant ou inaccessible. Les scientifiques ont aussi remarqué une différence dans la fréquence selon les surfaces sur lesquelles les animaux sont posés. Avec un repas appétissant et posé sur une feuille, le nombre moyen de tapotements peut atteindre les 255 par minute. Sur de la terre, seulement 98 par minute et sur de la gélose, 118. Sur du verre, ce chiffre tombe à 64 par minute.
Les experts attribuent ces variations à l’impact de la surface sur la production de vibrations, mais il serait aussi tout à fait possible que ces amphibiens tapent de la patte parce qu’ils ressentent l’excitation du repas. Plus vraisemblable, cependant, comme l’affirme Eva Fischer, co-autrice de cette étude, “ces grenouilles ne peuvent chercher de la nourriture que quand la proie est vivante et bouge, donc peut-être que ces tapotements permettent de créer des vibrations qui font sursauter les mouches et les font bouger.” Cela permet aussi d’augmenter leur détection, ainsi que de les attirer. Une chose est sûre, un rythme plus effréné est lié à un nombre de tentatives plus élevé pour attraper leurs proies.
Dendrobates tinctorius a décidément un comportement étonnant
Comme souvent avec ce genre d’études comportementales, il faudra davantage de recherches pour tirer des conclusions formelles et comprendre pourquoi cette grenouille tape ainsi de la patte. Quoi qu’il en soit, ces résultats concordent avec ceux d’une précédente étude de l’année dernière qui avait déterminé que ces amphibiens tapaient plus rapidement avant d’attaquer leur proie. Comme l’explique Reginald Cocroft, chercheur de l’Université du Missouri qui avait participé à cette étude de 2023, “il s’agit potentiellement d’un exemple intéressant de prédateur qui a recours à des signaux sensoriels pour manipuler le comportement de ses proies, ou en tout cas, c’est une possibilité.” À suivre !