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Marine Le Pen dans l'attente d'un jugement qui peut faire basculer sa carrière politique

Marine Le Pen dans l'attente d'un jugement qui peut faire basculer sa carrière politique
Publié le , mis à jour le

Paris (AFP) - Attendue par ses juges lundi matin pour connaître son sort judiciaire dans l'affaire des assistants d'eurodéputés, Marine Le Pen joue son avenir politique depuis que le parquet a réclamé son inéligibilité immédiate, qui l'empêcherait de concourir à la présidentielle de 2027.

"C'est un monde qui peut s'effondrer...L'Histoire se joue lundi": parmi la garde rapprochée de la patronne de l'extrême droite française, le compte à rebours tourne au supplice chinois. 

La prévenue Marine Le Pen - outre l'inéligibilité, cinq ans d'emprisonnement dont deux fermes et 300.000 euros d'amende ont été requis contre elle au terme d'un procès long de deux mois à l'automne - jure de son côté ne pas y penser "du tout".

Dans Le Figaro, cette semaine, elle répétait son mantra, "la peur n'écarte pas le danger", rare expression publique sur cette échéance que, dans les troupes lepénistes, on estime malgré tout impréparée.

"Il y a un côté amateur...", s'agace un influent député RN, en rembobinant un film qu'il juge mal monté: "D'abord, on a dit que c'était pas un procès politique pour, en fait, après les réquisitions dire: +Si, quand même, un peu...+".Le scénario s'est révélé, selon le même, mal écrit: "Ce procès a révélé que si vous ne travaillez pas, vous ne pouvez pas prouver que vous avez travaillé..."

"Et puis il y a eu quoi depuis la fin du procès?", interroge-t-il."Un 20H de TF1, le hashtag +Je soutiens Marine+ sur Twitter...et puis c'est tout."

Qui sera présent lundi aux côtés de Marine Le Pen dans la salle d'audience pour lui témoigner de son soutien?"On ne sait pas, on ne nous dit rien, on ne nous demande rien, parce qu'on en parle pas: tout le monde fait le tatou, en se rentrant dans sa carapace, et le sujet est tabou", illustre un autre proche, qui glisse au passage "ne pas comprendre" que Jordan Bardella ne daigne pas s'afficher aux côtés de sa mentor au palais de justice.

Une réunion devrait néanmoins avoir lieu ce week-end autour du président du RN pour déterminer les "éléments de langage".

- "Plan B" comme Bardella -

Quoi qu'il arrive, Marine Le Pen sera confrontée à une équation à multiples inconnues une fois la décision connue.

Si les magistrats du tribunal correctionnel devaient la condamner, la députée du Pas-de-Calais a assuré dans Le Figaro qu'elle "défendra à nouveau (son) innocence" en interjetant appel.

Ses proches s'interrogent néanmoins tout haut quant à l'opportunité d'un deuxième procès si aucune peine d'inéligibilité n'était prononcée, ou si l'empêchement de se présenter aux élections était inférieur à deux ans, ce qui lui permettrait de recouvrer ses droits civiques suffisamment tôt pour concourir à la prochaine présidentielle.Inconvénient: ne pas faire appel d'une condamnation reviendrait à admettre sa culpabilité.

Une peine d'inéligibilité avec exécution provisoire, c'est-à-dire immédiate, ainsi que l'a réclamé le parquet pour les cinq prochaines années, ouvrirait par ailleurs un abysse d'incertitudes.

Seule une hypothétique décision en appel davantage clémente pourrait alors lui permettre de se placer sur la ligne de départ pour 2027...à condition que ce deuxième procès ait lieu avant l'échéance électorale."Et puis si elle est condamnée à l'exécution provisoire, ça fait une préparation à la présidentielle particulière, quand même, c'est une épée de Damoclès", observe un proche.

Un autre, pessimiste, convoque pour commenter cette affaire l'antienne lepéniste du "Système", supposément derrière les malheurs du parti à la flamme, qu'il compare "au bus du film Speed: ils ne peuvent plus s'arrêter, sinon le bus explose".Manière de s'attendre à une lourde condamnation.

Jusqu'à imaginer que Marine Le Pen renonce?"Non.Le verbe est créateur", coupe court un député, refusant l'évocation même de cette hypothèse.Si l'idée d'un "plan B", comme Bardella, pour porter les couleurs du parti dès la présidentielle de 2027 est réclamée par certains militants - aucun cadre, en revanche, ne s'y risque.

L'opinion publique, si: dans une étude Ifop-Fiducial parue début mars, 60% des Français pronostiquaient une candidature de Jordan Bardella à la présidence de la République dans deux ans.Mieux, 43% la "souhaitent".Un point de plus que Marine Le Pen.

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