Narcotrafic: le procès de l'ex-maire de Canteleu reprend à Bobigny

Bobigny (AFP) - Après un faux départ à son ouverture il y a une semaine, le procès de l'ex-maire de Canteleu (Seine-Maritime) Mélanie Boulanger, jugée avec 18 autres prévenus pour un vaste trafic de drogue dans sa petite ville de Seine-Maritime, reprend lundi devant le tribunal correctionnel de Bobigny.
L'audience, à peine ouverte lundi 27 mai, avait été suspendue pour la semaine en raison d'un pourvoi en cassation en cours.La suite du procès dépend de la haute juridiction.
Fruit de deux ans d'enquête, le tentaculaire dossier Canteleu, commune populaire de 14.000 habitants de l'agglomération de Rouen, illustre l'enracinement et la puissance grandissants des narcotrafics dans des petites et moyennes en France, dont s'inquiétait le mois dernier un rapport du Sénat.
Elue maire en 2014 et figure du socialisme normand, Mélanie Boulanger est soupçonnée d'avoir fait pression sur les services de police pour qu'ils ne gênent pas les affaires du redoutable clan Meziani, réputé pour tenir le trafic de stupéfiants dans sa ville et y faire régner la terreur.
Aux côté de l'ancienne maire, le tribunal de Bobigny doit entendre pendant tout le mois de juin les principaux acteurs présumés du réseau: les têtes, leurs lieutenants, des fournisseurs et des blanchisseurs.
L'affaire avait débuté en septembre 2019 avec l'arrestation sur un parking de Saint-Denis de deux individus procédant à une transaction de drogues.L'un était porteur de 50.000 euros en liquide, l'autre de 2 kilos de cocaïne pure à 80%.
Les investigations sur l'acheteur avaient rapidement amené les policiers de Seine-Saint-Denis à Canteleu, base de la famille Meziani, soupçonnée d'être l'un des principaux acteurs du trafic de drogue en région rouennaise.
Selon l'enquête, la fratrie a soufflé le chaud et le froid sur l'élue, via son adjoint Hasbi Colak, également poursuivi.
Mise en examen pour complicité en avril 2022, l'ancienne tête de liste PS-EELV en Normandie aux élections régionales a démissionné de son mandat de maire en début d'année en invoquant des "raisons de santé", après son renvoi devant le tribunal.Elle dément les accusations contre elle.
L'enquête, riche en sonorisations et en écoutes, a mis au jour un important réseau d'importation et de vente de stupéfiants, aussi bien de cannabis que d'héroïne et de cocaïne.
Selon les estimations des policiers, leur organisation a engrangé plus de 10 millions d'euros de bénéfices annuels rien que pour la cocaïne et l'héroïne.
La décision du tribunal est attendue fin juin.