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Profs non remplacés: après la bronca, Oudéa-Castéra veut rassurer les enseignants du public

Profs non remplacés: après la bronca, Oudéa-Castéra veut rassurer les enseignants du public
Publié le , mis à jour le

Paris (AFP) – Face à la bronca née de ses explications sur la scolarisation dans le privé de ses enfants, la nouvelle ministre de l’Education, Amélie Oudéa-Castéra, a tenté samedi de rassurer les enseignants du public en leur promettant qu’elle serait « toujours à leur côté ». 

« Mes propos ont pu blesser certains enseignants de l’enseignement public, ce que je regrette », écrit-elle dans une déclaration écrite transmise samedi à l’AFP, pour déminer la première polémique de l’ère Gabriel Attal, rattrapé par l’école, une « cause » qu’il a emmenée avec lui à Matignon.

A peine nommée, la ministre de l’Education a attisé vendredi la colère généralisée des syndicats enseignants en justifiant sa décision de transférer ses enfants vers le privé par sa « frustration » devant les « paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées » dans le public.

Des propos tenus lors de son premier déplacement, aux côtés de Gabriel Attal, son prédécesseur.

Confiant en avoir « eu marre, comme des centaines de milliers de familles », celle qu’on surnomme « AOC » a confirmé, comme évoqué par Mediapart, avoir opté pour le collège-lycée Stanislas, un prestigieux établissement privé catholique proche de chez elle, à Paris. 

Cet établissement fait l’objet d’une investigation lancée début 2023 par l’Inspection générale après des accusations de dérives homophobes et sexistes relayées dans la presse.

– « Propos lunaires » –

Le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire déjà crispé par le fait que la ministre ait aussi en charge les Sports, et donc la sensible préparation des Jeux olympiques de Paris, a aussitôt dénoncé des « propos lunaires et provocateurs, contre le service public d’éducation ».

Le Fnec-FP-FO a dénoncé un « mépris insupportable » et appelé à une grève et à « manifester sous les fenêtres » du ministère le 25 janvier.

« C’est une forme de séparatisme social qui est consacrée », a aussi regretté sur Franceinfo le député socialiste Jérôme Guedj, estimant que « la promesse de Gabriel Attal d’avoir (…) un prof devant chaque classe n’a pas été tenue ».

En déplacement au CHU de Dijon, Gabriel Attal a dénoncé « beaucoup d’hypocrisie » sur le sujet.

« La ministre s’est exprimée en transparence sur les choix qui ont été les siens (…).Il suffit d’échanger avec des Français, avec des parents d’élèves, pour mesurer que cette question-là est un enjeu important », a souligné celui qui dit avoir pris « à bras-le-corps » ce sujet, par exemple « en demandant que les formations des enseignants aient maintenant lieu en dehors du temps de classe ».

« L’année scolaire dernière, 15 millions d’heures n’étaient pas remplacées.C’est autant de pertes de chances pour notre jeunesse et son éducation », souligne Amélie Oudéa-Castéra dans sa déclaration. 

« Ce problème, nous en avons fait un combat.En passant déjà de 5 à 15% d’absences remplacées », écrit-elle.

L’exécutif a « répondu » aux difficultés de suppléer les professeurs absents, notamment en revalorisant la rémunération des heures de remplacement, a renchéri sur France 2 la porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot.

– « Lassitude » –

Promis par le président Emmanuel Macron lors de sa campagne, le « pacte enseignant » prévoit des hausses de rémunérations conditionnées à de nouvelles missions, dont des remplacements de courte durée.Gabriel Attal a indiqué cette semaine que près de 30% des enseignants l’avait signé.

Guislaine David, la porte-parole du SNUipp-FSU (principal syndicat du primaire), voit toutefois dans la défense gouvernementale une tentative de « noyer le poisson ». 

Les remplacements au primaire, situation qui concernait Amélie Oudéa-Castéra, ne se font en effet pas grâce à des heures supplémentaires d’autres professeurs, comme au collège ou au lycée, mais par le recours à des remplaçants, dont certains postes « ont été supprimés », rappelle-t-elle à l’AFP.

« A Paris, la semaine avant Noël, 200 classes n’étaient pas remplacées », selon elle.

« C’est un sujet sur lequel le gouvernement ne nous a jamais répondu », regrette-t-elle, alors que son syndicat doit être reçu lundi par la ministre: « Ça va être sportif! », pronostique-t-elle.

Laurent Zameczkowski, porte-parole de la Peep, fédération des parents d’élèves de l’enseignement public, admet auprès de l’AFP que de nombreux parents font le même choix que la ministre par « lassitude » face aux défauts de remplacements.

« Mais elle n’est plus une parent d’élèves lambda.C’est à elle de faire en sorte que des parents n’aient plus envie de mettre leurs enfants dans le privé pour ce motif », selon lui.

sl-bpa-cac-are-alu/cal

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