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Restos du coeur: inflation, précarité accrue, la 39e campagne s’annonce difficile

Restos du coeur: inflation, précarité accrue, la 39e campagne s’annonce difficile
Publié le , mis à jour le

Paris (AFP) – « La faim progresse » en France, constate le président des Restos du Coeur, Patrice Douret, à l’heure où l’association lance mardi sa 39e campagne de distribution alimentaire et est obligé de réduire le nombre de ses bénéficiaires en raison de difficultés financières. 

« La faim progresse, de plus en plus de personnes sont en difficultés en raison de l’inflation », a commenté auprès de quelques médias, dont l’AFP, Patrice Douret, président de l’association fondée par Coluche en 1985.

La hausse des prix a atteint 4% en octobre, selon les dernières données de l’Insee, celles de l’énergie (+5,2%) et de l’alimentation (+7,8%) restent fortes.

Les Restos du Coeur reçoivent actuellement les demandes d’inscription des potentiels bénéficiaires de l’aide alimentaire pour la campagne à venir.

Pour son lancement, le président des Restos du Coeur a accueilli des partenaires de l’association ainsi que les ministres des Solidarités et de l’Agriculture, Aurore Bergé et Marc Fesneau, dans un centre de distribution à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine). »Plus de 7 millions de personnes dépendantes de l’aide alimentaire », a indiqué Marc Fesneau, qui a assuré que le gouvernement portera « un soutien indéfectible aux associations ».

En ce qui concerne les inscriptions, « les tendances ne sont pas rassurantes »: « entre 5 et 10% des personnes accueillies l’hiver dernier se voient refuser l’aide alimentaire cette année » et « nous observons un nombre important de nouvelles personnes admissibles », souligne Patrice Douret.

– Pour la première fois –

L’incertitude plane sur le nombre de personnes qui seront accueillies cet hiver. 

Or, les Restos du Coeur doivent réduire leur nombre car ils ne parviennent plus à faire face à l’afflux de demandes d’aide, d’un point de vue logistique, comme financier.

L’association a accueilli 1,3 million de personnes en 2022-2023, contre 1,1 million lors de la période précédente.Et ces derniers mois, son budget pour les achats alimentaires, redistribués ensuite gratuitement aux bénéficiaires, a doublé à cause de l’inflation.

Mères célibataires, retraités, salariés aux emplois peu rémunérateurs, étudiants: cette hausse des demandes concerne tous les profils, dans tous les départements.Les ménages accueillis vivent avec moins de 550 euros par mois pour 60% d’entre eux.

Pour la première fois de leur histoire, les Restos du Coeur ont baissé le niveau de revenu qui donne droit à l’aide alimentaire.

Chez les recalés, « il y a beaucoup de résignation, les gens savent qu’on n’est pas en capacité d’accueillir tout le monde », a précisé Patrice Douret.Ces personnes peuvent toutefois bénéficier des autres services de l’association, comme le don de vêtement ou l’accompagnement à la recherche d’emploi.

– Encore des dons ? –

Malgré cette mesure, les Restos avaient lancé un appel en septembre: il lui manquait 35 millions d’euros pour terminer l’exercice à l’équilibre. »Notre appel a été entendu, il y a eu un élan de générosité exceptionnel », a souligné le président de l’association.

Le gouvernement a accordé 10 million d’euros supplémentaires aux Restos -qui assurent 35% de l’aide alimentaire en France.La famille de Bernard Arnault, propriétaire du numéro un mondial du luxe LVMH, a offert 10 millions d’euros.Le reste de la somme est provenu de dons d’entreprises et de particuliers.

La survie de cette association emblématique est-elle à présent assurée ? « Je ne sais pas », répond prudemment son président. »Nous avons vraiment besoin de continuer à être soutenus ». 

Il s’interroge encore sur les finances de la structure car 60% des dons qu’elle perçoit sont habituellement effectués entre novembre et décembre. 

« Les Français pourront-ils encore donner en cette fin d’année?Les dons reçus en septembre provenaient-ils de nouvelles personnes ou s’agissait-il de dons de nos soutiens habituels qui ne pourront pas forcément renouveler leur geste en fin d’année ? », questionne Patrice Douret. 

Pour passer ce cap difficile, les Restos du Coeur demandent notamment au gouvernement de mettre en place un « plan d’urgence alimentaire », « en portant le budget dédié aux associations d’aide alimentaire à 200 millions d’euros, contre autour de 150 aujourd’hui », indique l’association dans un communiqué.

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