A Taïwan, dernier weekend de campagne avant la présidentielle du 13 janvier

Kaohsiung (Taïwan) (AFP) – Des dizaines de milliers de personnes ont participé dimanche dans une ville du sud de Taïwan aux meetings de trois candidats à l’élection présidentielle, au cours du dernier weekend de campagne avant le scrutin prévu le 13 janvier.
Les élections présidentielles et législatives du 13 janvier seront particulièrement scrutées par la Chine et les Etats-Unis en raison de leur importance pour l’avenir des relations entre l’île démocratique et Pékin.
La Chine, qui revendique Taïwan comme faisant partie de son territoire, a juré de s’en emparer par la force si nécessaire.
Le favori de la présidentielle et actuel vice-président Lai Ching-te, du Parti démocrate progressiste (DPP) au pouvoir, a qualifié l’élection de choix « entre la démocratie et l’autocratie ».
Son principal adversaire Hou Yu-ih a averti que le DPP rapprocherait Taïwan « de la guerre ». Hou est le candidat du parti Kuomintang (KMT) de l’île, qui prône des relations plus étroites avec Pékin.
Devant des dizaines de milliers de partisans du DPP venus l’écouter à Kaohsiung (dans le sud agricole du pays), M. Lai a appelé dimanche les électeurs à se tenir « côte à côte avec le camp démocratique ». »Face à la menace de la Chine, nous devons travailler ensemble et être unis », a-t-il plaidé.
Au cours des huit dernières années, Taïwan a été dirigé par la présidente Tsai Ing-wen, une dirigeante détestée par Pékin pour sa défense acharnée de la souveraineté de l’île.
La Chine a interrompu tout dialogue de haut niveau avec son gouvernement et a envoyé un nombre inédit d’avions de chasse et de navires de guerre autour de Taïwan, faisant craindre un conflit.
Jadis plus virulent au sujet de l’indépendance, une ligne rouge pour Pékin, le vice-président Lai a récemment mis de l’eau dans son vin sur la question.
La présidente Tsai, venue le soutenir à la tribune devant quelque 120.000 partisans, a estimé que huit années « de travail acharné ne peuvent être perdues ».
« Non seulement le monde reconnait désormais Taïwan, mais il investit aussi à Taïwan, ce qui veut dire que Taïwan est un lieu sûr.Le consensus parmi les pays démocratiques de la planète consiste à préserver ensemble la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan », a-t-elle jugé.
S’adressant à une foule de partisans en rouge et bleu dans un autre quartier de la ville, le candidat Hou Yu-ih, un ancien policier, a appelé les électeurs à ne pas se laisser « berner » par le DPP au pouvoir.
« Ils adorent dire que Hou Yu-ih est pro-chinois et qu’il vendra Taïwan…Hou Yu-ih veillera à la paix entre les deux rives du détroit », a lancé le candidat de 66 ans, maire de la ville de New Taipei.
Ses partisans brandissaient dimanche des pancartes affirmant: « Votez KMT, le détroit de Taïwan sera exempt de guerres ».
Une participante de 56 ans, Ou Pei-li, travaillant dans la finance, dit craindre une guerre avec la Chine. »Je ne veux pas que cela ressemble à la guerre entre l’Ukraine et la Russie », a-t-elle confié.
Enfin Ko Wen-je, candidat du petit Parti populaire de Taïwan qui séduit particulièrement les jeunes, a présidé un autre rassemblement près du centre-ville de Kaohsiung.Cette élection sera « un face-à-face entre de nouvelles politiques et des forces anciennes », a-t-il déclaré.
« Je crois que Taïwan a besoin de changement.Je veux essayer quelqu’un de différent », a confié Tang Shu-feng, 34 ans.