Le Hamas se dit engagé à respecter l'accord de trêve à Gaza

Gaza (Territoires palestiniens) (AFP) - Le Hamas a déclaré jeudi être engagé à respecter l'accord de trêve avec Israël, après les propos du président américain Donald Trump qui a menacé de "mort" le "peuple de Gaza" si les otages n'étaient pas libérés par le mouvement islamiste palestinien.
M. Trump a lancé ces menaces mercredi après la confirmation par son administration de contacts directs sans précédent avec le Hamas, considéré par les Etats-Unis comme une organisation terroriste.
"Ces menaces compliquent les choses concernant l'accord de cessez-le-feu et encouragent l'occupant à ne pas en appliquer les termes", a réagi le Hamas, appelant Washington, en sa qualité de garant de l'accord, à "faire pression" sur Israël pour qu'il respecte ses obligations.
La branche armée du mouvement s'est dite jeudi toujours engagée à respecter les termes de l'accord de trêve.
"Malgré toutes les tentatives de l'ennemi (de se soustraire à ses obligations), nous avons choisi, et maintenons ce choix, d'adhérer à l'accord, par souci d'épargner le sang de notre peuple et pour ne pas donner de prétextes" à Israël pour reprendre les combats, a déclaré son porte-parole, Abou Obeïda.
La France de son côté a affirmé jeudi que le Hamas devait être "entièrement" exclu de la future gouvernance de Gaza, en saluant le plan de reconstruction proposé mardi par les pays arabes et prévoyant le retour de l'Autorité palestinienne.
L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, a estimé jeudi ce plan présentait "de nombreuses caractéristiques convaincantes"."Nous devons en discuter davantage, mais c'est un premier pas de bonne foi de la part des Egyptiens", a-t-il déclaré.
Ce plan avait été présenté par l'Egypte comme une alternative à celui de Donald Trump, qui avait annoncé vouloir expulser les habitants de Gaza et placer le territoire sous contrôle américain.
- "Libérez tous les otages" -
Pour l'heure, la trêve qui a fait taire les armes depuis le 19 janvier est mise en péril par les désaccords entre le Hamas et Israël sur la suite du processus.
Signe de cette fragilité, l'armée israélienne a annoncé jeudi avoir effectué une frappe aérienne dans le nord de Gaza.
Israël souhaite une extension de la première phase, qui a expiré le 1er mars, jusqu'à la mi-avril.Il réclame la "démilitarisation totale" du territoire, le départ du Hamas de la bande de Gaza et le retour des derniers otages avant de passer à la deuxième phase.
Mercredi, le nouveau chef d'état-major israélien, le lieutenant général Eyal Zamir, avait affirmé que la mission de vaincre le Hamas à Gaza n'était "pas encore terminée".
Le Hamas de son côté réclame la mise en oeuvre de la deuxième étape de l'accord, censée aboutir à un cessez-le-feu permanent, et insiste pour rester à Gaza, qu'il dirige depuis 2007.
"Au peuple de Gaza: un bel avenir vous attend, mais pas si vous gardez des otages.Si vous le faites, vous êtes MORTS!Prenez une BONNE décision", a écrit mercredi le président américain sur son réseau Truth Social, dans un message particulièrement virulent.
Sur les 251 personnes enlevées lors de l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, 58 sont encore retenues à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.Cinq de ces 58 otages ont aussi la nationalité américaine, dont quatre ont été confirmés morts et un serait vivant, selon un décompte de l'AFP.
"Libérez tous les otages maintenant, pas plus tard, et remettez immédiatement toutes les dépouilles des personnes que vous avez tuées, ou c'est FINI pour vous", a averti M. Trump après avoir rencontré huit otages libérés.
"Ceci est votre dernier avertissement!Pour la direction (du Hamas), c'est maintenant qu'il faut quitter Gaza, tant que vous pouvez encore le faire", a-t-il ajouté.
- Contacts directs -
Quelques heures auparavant, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avait confirmé des contacts directs avec le Hamas, en indiquant que l'envoyé spécial américain pour les otages, Adam Boehler, était "engagé dans ces négociations".
Ces contacts rompent avec une politique voulant que les Etats-Unis n'aient pas de pourparlers directs avec des groupes qu'ils considèrent comme terroristes.
Mme Leavitt a argué que "des vies américaines étaient en jeu" tout en soulignant qu'Israël avait été "consulté", ce qu'a confirmé le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Un responsable du Hamas a fait état de "deux rencontres directes entre le Hamas et des responsables américains ces derniers jours à Doha".
En riposte à l'attaque du 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans le territoire qui a fait au moins 48.446 morts, en majorité des civils, d'après les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.
L'attaque a entraîné du côté israélien la mort de 1.218 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité.
La première phase de l'accord de trêve négocié par les pays médiateurs a permis la libération de 33 otages, dont huit morts, en échange de quelque 1.800 détenus palestiniens.Israël a aussi autorisé l'entrée d'une aide humanitaire accrue dans la bande de Gaza assiégée, avant de la bloquer dimanche.