L'UE va fournir une aide de 2,5 milliards d'euros à la reconstruction de la Syrie

Bruxelles (Belgique) (AFP) - L'Union européenne s'est engagée lundi à fournir près de 2,5 milliards d'euros sur deux ans à la Syrie pour faciliter sa reconstruction après plus d'une décennie de guerre et au moment où les Etats-Unis ont suspendu leur aide.
"Les Syriens ont besoin de davantage d'aide, qu'ils soient à l'étranger ou qu'ils aient décidé de rentrer chez eux", a déclaré Mme von der Leyen, à l'ouverture d'une conférence des donateurs à Bruxelles.
La prise du pouvoir en Syrie par une coalition dominée par les islamistes et dirigée par Ahmad al-Chareh, le 8 décembre, a mis fin à plus d'un demi-siècle de règne sans partage du clan Assad.
Cette neuvième édition de la conférence des donateurs a donc accueilli pour la première fois des représentants des autorités en place à Damas.C'est le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, qui a pris la parole lundi au nom de son pays.
"Cette année, bien sûr, la conférence sera différente", a souligné un responsable de l'UE."Il y a une fenêtre d'opportunité.Elle n'est pas très grand ouverte, nous devons donc en profiter, autrement il sera trop tard", a-t-il ajouté.
- Transition difficile -
Car la transition est difficile dans ce pays divisé entre plusieurs communautés religieuses.Des massacres ont été commis ces dernières semaines dans l'ouest, les pires violences depuis l'arrivée de cette coalition menée par le groupe islamiste sunnite Hayat Tahrir al-Cham (HTS).
"Le temps de la tyrannie est terminé.Il ne peut pas revenir.Nous ne ménagerons aucun de nos efforts pour traduire en justice quiconque a perpétré un tel crime, a du sang sur les mains", a assuré le chef de la diplomatie syrienne, selon une traduction simultanée de son discours prononcé en arabe.
Les forces de sécurité, des groupes armés alliés ou des djihadistes étrangers ont été rendus responsables de ces violences qui ont fait, selon une ONG, près de 1.400 morts dans la population civile, principalement au sein de la communauté alaouite, une branche du chiisme, dont est issu l'ancien président Bachar al-Assad.
Les Vingt-Sept, qui ont très vite après le 8 décembre décidé de soutenir la transition en Syrie, veulent y voir un phénomène isolé.
"Nous condamnons avec force ces attaques, particulièrement celles ciblant les civils.Elles doivent être traitées rapidement et de manière décisive", a insisté la cheffe de la diplomatie Kaja Kallas, tout en saluant la création d'une commission d'enquête.
- "Créer le chaos" -
Interrogée plus tôt en conférence de presse sur l'éventualité d'interrompre la levée progressive des sanctions décidée fin février par l'UE, Mme Kallas a assuré que ce processus devait être maintenu, car sinon le risque était de "créer la chaos" dans tout le pays.
Si la communauté internationale n'aide pas la Syrie à "se remettre sur pied", une nouvelle vague migratoire est à craindre, a mis en garde lundi à Bruxelles Mirjana Spoljaric, la présidente du Comité international de la Croix-Rouge.
Plus de 300.000 réfugiés syriens ont déjà retrouvé leur patrie depuis la chute du clan Assad, selon les Nations unies.
Mais les 27 sont toutefois prêts à reconsidérer leur décision sur les sanctions, si d'autres violences de ce type devaient se reproduire, ont averti des diplomates.
En attendant, les besoins sont énormes."Après 14 ans de guerre, l'économie syrienne a perdu quelque 800 milliards de dollars de son Produit intérieur brut (PIB), les infrastructures pour des services essentiels ont été détruites", a déploré le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, dans un message vidéo adressée à la conférence.
L'Union européenne a décidé pour cette neuvième édition d'augmenter son aide.La fois précédente, elle s'était engagée à fournir, en 2024 et 2025, quelque 2,12 milliards d'euros.
L'an dernier, la conférence des donateurs avait permis de mobiliser quelque 7,5 milliards d'euros en faveur de la Syrie.
Mais les efforts pour atteindre ce résultat sont compromis cette année par la décision des Etats-Unis de suspendre leur aide internationale.
Ils étaient jusqu'à présent le principal fournisseur d'aide internationale à la Syrie, selon l'ONU.