Rubio dans les Caraïbes pour parler de sécurité énergétique et d'Haïti

Washington (AFP) - Le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, entame mercredi une tournée dans les Caraïbes centrée sur la sécurité énergétique face au Venezuela et la situation explosive en Haïti, pays miné par les gangs.
Le chef de la diplomatie américaine, qui avait fait son premier déplacement à l'étranger en Amérique centrale il y a plusieurs semaines, doit se rendre à Kingston, en Jamaïque, pour participer à une réunion des pays de la Communauté caribéenne (Caricom), avant de visiter jeudi le Guyana puis le Suriname, selon le département d'Etat.
Histoire d'envoyer un "message clair", à savoir que les Etats-Unis ont fait du continent américain une priorité, a indiqué mardi la porte-parole du département d'Etat, Tammy Bruce.
Il y sera notamment question de sécurité énergétique et des moyens de réduire la dépendance des pays des Caraïbes au pétrole vénézuélien, alors que Washington s'efforce dans le même temps d'étrangler l'économie vénézuélienne, largement dépendante du pétrole.
Le président américain Donald Trump a annoncé lundi que les pays achetant du gaz ou du pétrole vénézuélien seraient frappés à partir du 2 avril de droits de douane de 25% sur toutes leurs marchandises entrant aux Etats-Unis.
"De la même manière que nous avons travaillé avec les pays du Golfe pour assurer la coopération en matière de sécurité face aux menaces régionales (Iran, etc.), nous voulons travailler avec le Guyana pour assurer la coopération et les garanties en matière de sécurité", a affirmé mardi l'envoyé spécial pour l'Amérique latine, Mauricio Claver-Carone.
"Nous avons vu les menaces du Venezuela.Il est évident que c'est inacceptable et nous voulons travailler ensemble pour garantir un accord de coopération contraignant en matière de sécurité", a-t-il dit.
Le Guyana et le Venezuela se disputent l'Essequibo, territoire guyanien riche en pétrole revendiqué par le Venezuela.
Le différend ancien sur l'Essequibo a été ravivé lorsqu'en 2015 ExxonMobil a découvert des gisements qui confèrent au Guyana les réserves de pétrole brut par personne parmi les plus élevées au monde.
Outre la sécurité énergétique, M. Rubio entend aborder "l'immigration clandestine, le démantèlement des réseaux criminels transnationaux" et les moyens de "repousser les influences malveillantes qui menacent la stabilité de notre hémisphère", a déclaré Mme Bruce.
Donald Trump a fait de la lutte contre l'immigration clandestine une priorité et il a récemment fait expulser des Etats-Unis des centaines de Vénézuéliens soupçonnés d'appartenir au gang Tren de Aragua, les renvoyant dans une prison salvadorienne.
- Le "défi" haïtien -
La violence des gangs en Haïti sera justement au rendez-vous des discussions au sein du Caricom, qui regroupe les pays des Caraïbes dont les Etats-Unis.
"Le défi, c'est évidemment Haïti", a reconnu Mauricio Claver-Carone, soulignant que la situation y est "désastreuse".
"Nous sommes en train d'élaborer une stratégie pour pouvoir continuer à soutenir la police nationale haïtienne", a-t-il dit, en soulignant que M. Rubio souhaitait entendre "les points de vue de nos voisins et de nos alliés dans les Caraïbes, afin de voir ce qu'ils croient possible et comment ils peuvent participer et travailler avec nous à cet égard".
M. Rubio aura à Kingston un entretien notamment avec le président du conseil de transition haïtien Fritz Jean.
Pays des Caraïbes, le plus pauvre des Amériques, Haïti pâtit depuis longtemps des violences de bandes criminelles dans un contexte de grande instabilité politique.
Mais la situation s'y est dégradée ces derniers mois en dépit du déploiement partiel de la mission multinationale de sécurité (MMAS) menée par le Kenya.