Taxes aux frontières: la guerre commerciale de Trump franchit un nouveau palier

Washington (AFP) - La guerre commerciale initiée par Donald Trump est entrée mardi dans une nouvelle dimension, Pékin, Ottawa et Mexico ayant enclenché des représailles aux droits de douane punitifs mis en place par Washington.
Ces nouvelles barrières douanières renchérissent fortement les prix des biens traversant les frontières, que ce soit des avocats, des t-shirts ou des voitures.
Leur entrée en vigueur a fait chuter les marchés financiers de l'Asie à l'Amérique en passant par l'Europe.Les investisseurs espéraient jusqu'au bout que Washington accorde un sursis à ses voisins, selon les analystes.
Les importations en provenance du Canada et du Mexique sont désormais taxées à hauteur de 25%, et 10% pour les hydrocarbures canadiens.
Les produits chinois sont quant à eux frappés par des droits de douane additionnels de 20%.
Pékin a répliqué mardi en annonçant des taxes de 10 et 15% sur une série de produits agricoles en provenance des États-Unis, allant du poulet au soja, et déploré une décision "unilatérale" de Washington.
Cette riposte reste toutefois un cran en dessous de l'offensive américaine, qui concerne l'ensemble des produits chinois entrant aux Etats-Unis.
Estimant que "rien ne justifiait ces mesures" américaines, le Canada a mis en place mardi des droits de douane de 25% sur certains produits américains, pour un montant total de 155 milliards de dollars canadiens (102 milliards d'euros).
La présidente du Mexique Claudia Sheinbaum a promis quant à elle des représailles "douanières et non douanières" à la décision de Donald Trump.
Elle prévoit d'en préciser la teneur dimanche lors d'une réunion publique à Mexico et de s'entretenir avant cela avec le président américain, "probablement jeudi".
Donald Trump -qui ne peut justifier l'imposition par décrets de nouveaux droits de douane que par une urgence liée à la sécurité nationale- reproche aux trois pays de ne pas lutter suffisamment contre le trafic de fentanyl, une drogue aux effets dévastateurs aux Etats-Unis.
- "Terrifiés" -
"Nous sommes tous terrifiés", a confié à l'AFP Joel Soleski, 26 ans, ouvrier pour le géant de l'automobile Stellantis au Canada.
"Je viens d'acheter ma première maison", a dit le jeune homme qui craint désormais de perdre son emploi et de ne plus pouvoir compter que sur le salaire de sa compagne.
Stellantis est l'un des constructeurs les plus exposés aux droits de douane sur les produits du Canada et du Mexique, selon un rapport de l'agence Moody's: 40% de ses voitures vendues aux États-Unis (sous les marques Ram, Fiat, Dodge ou Chrysler) sont fabriquées dans les deux pays frontaliers.
"Si les entreprises s'installent aux Etats-Unis, elles n'auront pas de droits de douane !!!", a lancé mardi Donald Trump sur son réseau Truth Social.
Le locataire de la Maison Blanche n'a pour l'heure aucune intention d'en rester là, en dépit des craintes qui augmentent aux Etats-Unis concernant l'impact sur les entreprises et le pouvoir d'achat des ménages.
D'autres taxes sur les importations américaines sont dans les tuyaux, notamment sur l'acier et l'aluminium.Doivent venir ensuite l'automobile, les médicaments, les semi-conducteurs, les produits issus de l'exploitation forestière et de l'agriculture...
"Comme le président l'avait indiqué pendant la campagne, il y aura peut-être des variations de prix à court terme mais à long terme, ce sera complétement différent", a déclaré mardi le ministre américain du Commerce, Howard Lutnick, sur la chaîne CNBC.
"On aura la meilleure Amérique possible, un budget équilibré, les taux d'intérêt plongeront", a-t-il assuré.
Donald Trump prévoit aussi de frapper les exportations de l'Union européenne (UE) de 25% de droits de douane additionnels.
Mardi, l'UE a dit "regrette(r) profondément" la décision des Etats-Unis d'imposer des droits de douane au Mexique et au Canada, qui "risquent de perturber le commerce mondial" et "menacent la stabilité économique de part et d'autre de l'Atlantique".