Trump et Poutine s'entendent sur une trêve très limitée en Ukraine, Zelensky méfiant

Washington (AFP) - Vladimir Poutine et Donald Trump se sont accordés mardi sur une trêve en Ukraine, limitée aux infrastructures énergétiques et sans réelle percée en vue d'un cessez-le-feu total, une annonce accueillie avec méfiance à Kiev.
Loin de ces tractations, les combats se poursuivent.Peu après la fin de l'appel très attendu entre les deux chefs d'Etat, des sirènes d'alerte et des explosions ont retenti dans la capitale ukrainienne.
La Russie a de son côté affirmé avoir repoussé plusieurs tentatives d'incursion terrestre de l'armée ukrainienne dans la région russe frontalière de Belgorod.
Les dirigeants américain et russe ont convenu de commencer "immédiatement" des négociations, qui auront lieu au Moyen-Orient, sur un arrêt progressif des hostilités déclenchées en février 2022 par l'invasion russe, selon un communiqué de la Maison Blanche.
Moscou a accepté de cesser les frappes sur les infrastructures énergétiques en Ukraine pour 30 jours, le Kremlin qualifiant l'échange de "détaillé et franc".
"Nous avons convenu d'un cessez-le-feu immédiat sur les sites énergétiques et les infrastructures, avec une entente sur le fait que nous allons travailler rapidement pour avoir un cessez-le-feu total et, au bout du compte, la FIN de cette guerre vraiment horrible" a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social après une conversation téléphonique avec son homologue russe.
L'Ukraine a elle déjà accepté, sous la pression de Washington, l'idée d'un cessez-le-feu inconditionnel de 30 jours.
"Je pense qu'il serait juste que nous ayons une conversation avec le président Trump et que nous connaissions les détails de ce que les Russes ont offert aux Américains ou de ce que les Américains ont offert aux Russes", a réagi le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse en ligne.
- Conditions -
Vladimir Poutine a aussi accepté que 175 prisonniers de guerre soient échangés mercredi avec l'Ukraine.
Pour le reste, le président russe, sans souscrire au projet de cessez-le-feu de trente jours que les Ukrainiens ont déjà accepté sous la pression de Donald Trump, a exigé la fin du "réarmement" de l'Ukraine, selon le Kremlin, et l'arrêt de l'aide occidentale à Kiev.
Ces conditions visent à "affaiblir" l'Ukraine et montrent qu'il n'est pas prêt "à mettre fin" à la guerre, a accusé Volodymyr Zelensky.
Le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron ont de leur côté assuré mardi l'Ukraine de la poursuite de l'aide militaire.
La Maison Blanche a évoqué, en plus de la pause des attaques contre le secteur de l'énergie, des "négociations techniques sur la mise en place d'un cessez-le-feu maritime en mer Noire".
Dans son communiqué, l'exécutif américain a par ailleurs vanté l'"immense avantage" d'une "meilleure relation bilatérale" entre les Etats-Unis et la Russie, avec à la clé de potentiels "énormes accords économiques."
Les comptes-rendus publiés par les deux capitales ne mentionnent pas d'éventuels redécoupages territoriaux, après que le président américain a dit être prêt à parler de "partage" entre l'Ukraine et la Russie, laquelle réclame cinq régions ukrainiennes dont la Crimée.
Mais la Maison Blanche a tenu a vanter "l'immense avantage" d'une meilleure relation russo-américaine, avec potentiellement à la clé d'"énormes" contrats économiques.
"L'objectif doit rester le même, avoir un cessez-le-feu mesurable et vérifiable", a réclamé Emmanuel Macron."Cela n'est pas concevable sans que les Ukrainiens ne soient autour de la table", a-t-il martelé.
Le président américain, qui a engagé un spectaculaire rapprochement avec Moscou, a d'ores et déjà validé plusieurs revendications russes, en jugeant impossible le maintien de l'intégrité territoriale de l'Ukraine et son adhésion à l'Otan.
A l'inverse, il a soumis les autorités ukrainiennes à une pression extrême, qui a culminé lorsque Donald Trump a publiquement rabroué le président Volodymyr Zelensky à la Maison Banche.
Il avait ensuite suspendu l'aide militaire et en renseignements à Kiev, ne les rétablissant que lorsque l'Ukraine avait entériné son projet de trêve.