Harcèlement moral: des témoins décrivent la violence au sein du cabinet ministériel de Nathalie Elimas

Paris (AFP) - Au premier jour lundi du procès de l'ex-secrétaire d'État Modem Nathalie Elimas pour harcèlement moral sur d'anciens collaborateurs, plusieurs témoins ont raconté "une situation extrêmement dégradée" et "des comportements violents" au sein du ministère.
"La ministre pouvait être agréable et sympathique mais elle pouvait vriller en quelques secondes", a raconté à la barre du tribunal correctionnel de Paris Mathieu Blugeon, l'ancien directeur de cabinet de la secrétaire d'État à l'Éducation prioritaire.
"Elle pouvait avoir des comportements violents avec des hurlements", a poursuivi le témoin, évoquant des punitions, un système infantilisant de bons et de mauvais points attribués par la ministre à ses collaborateurs.
Aujourd'hui conseillère régionale en Ile-de-France (bloc présidentiel), Nathalie Elimas doit s'expliquer devant la justice concernant des soupçons de harcèlement moral à l'encontre de membres de son cabinet, essentiellement des conseillers en communication qui se sont succédé auprès d'elle lorsqu'elle était secrétaire d'État.
Ces cinq ex-membres de son cabinet, quatre femmes et un homme, se sont constitués parties civiles.
L'ex-membre du gouvernement (2020-2022) se voit reprocher des "propos vexatoires et humiliants, des injonctions contradictoires, des critiques sur leurs compétences professionnelles, le tout intervenant après un bref état de grâce".
En décembre 2021, la secrétaire d'État a fait l'objet d'une enquête administrative de l'Inspection générale de l'enseignement supérieur et de la recherche (Igesr), après des signalements internes quant à des "dysfonctionnements" au sein de son cabinet relatifs "aux relations de travail".
Lors de l'enquête, Mme Elimas avait contesté ces accusations.
Appelé à témoigner par le ministère public, M. Allal, co-rédacteur du rapport de l'Igesr, a raconté avoir "observé une situation extrêmement dégradée voire délétère" au sein du cabinet de la secrétaire d'État.
"Dans un cabinet ministériel il y a des horaires extensibles, beaucoup de pression, des situations de crise et ça fait partie du quotidien", a rappelé Patrick Allal.
"Mais les injonctions contradictoires, les accusations mensongères ou infondées, l'infantilisation, c'est du harcèlement moral", a poursuivi l'ancien inspecteur, pour qui dans ce cabinet, "toutes les cases étaient cochées".
Nommée en juillet 2020, Mme Elimas a démissionné en mars 2022.
Elle encourt deux ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende.
Le procès doit se poursuivre jusqu'à jeudi.