Soupçons de corruption à Fréjus: la mairie RN perquisitionnée

Paris (AFP) - La mairie de Fréjus (Var), dirigée par David Rachline (Rassemblement national), est perquisitionnée depuis mardi matin dans une enquête sur des soupçons de favoritisme et de corruption autour des marchés publics de la ville, a indiqué une source judiciaire à l'AFP.
Confirmant une information de L'Obs, cette source a indiqué que "des perquisitions sont en cours depuis ce matin au sein de la mairie de Fréjus et de plusieurs sociétés concernées" par ces marchés, dans le cadre d'une enquête préliminaire ouverte en janvier 2024 par le Parquet national financier (PNF).
La source judiciaire a précisé que l'enquête avait été ouverte à la suite des révélations du livre "Les Rapaces" (éditions Les Arènes) de la journaliste Camille Vigogne Le Coat, publié début 2023 et mettant sévèrement en cause M. Rachline pour sa gestion de la commune varoise.
De même source, les opérations de mardi sont "réalisées par 40 gendarmes de la section de recherches de Marseille, en présence d'un magistrat et d'un assistant spécialisé du PNF".
"Aucune garde à vue n'est en cours", a encore indiqué la source judiciaire.
La cité balnéaire de 56.000 habitants a été pendant des années érigée en vitrine du projet lepéniste, le parti y organisant souvent ses rentrées politiques.
Ex-sénateur, David Rachline, maire depuis 2014 de la commune varoise, a dirigé la première campagne présidentielle de Marine Le Pen qui l'a amenée au second tour, en 2017.
Selon l'organigramme en ligne du parti d'extrême droite, il en est toujours 2e vice-président et membre de sa plus haute instance, le bureau exécutif.
Des enveloppes d'argent liquide sur fond de marchés publics truqués: le livre, qui se veut une "enquête sur la mafia varoise de Marine Le Pen", dénonce le train de vie de l'édile, sans rapport selon la journaliste avec ses indemnités d'élu.
Il l'accuse aussi d'arrangements avec un puissant entrepreneur local de BTP pour l'attribution de marchés publics, loin de l'image d'exemplarité véhiculée par le parti, et relaye des soirées arrosées du maire, où fuseraient remarques racistes et gestes antisémites.
M. Rachline avait indiqué à l'époque qu'il n'y avait "pas un élément factuel qui tend à démontrer que les procédures ne sont pas respectées" pour les marchés publics et évoqué "de pures inventions relayées par d'anciens collaborateurs éconduits et opposants politiques".
Son avocat avait annoncé une plainte en diffamation.
M. Rachline doit par ailleurs être jugé pour prise illégale d'intérêts le 30 septembre devant le tribunal correctionnel de Draguignan (Var), concernant les conditions de sa nomination à la tête des deux sociétés d'économie mixte, Fréjus Aménagement et Gestion du port de Fréjus.