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A la Kumbh Mela, un ordre religieux transgenre bénit les fidèles hindous

A la Kumbh Mela, un ordre religieux transgenre bénit les fidèles hindous
Publié le , mis à jour le

Prayagraj (Inde) (AFP) - C'est depuis son "trône du lion" que Vaishnavi Jagadamba Nand Giri, religieuse transgenre, bénit les pèlerins hindous venus se laver de leurs péchés à la Kumbh Mela, le plus grand pèlerinage du monde, dans le nord de l'Inde. 

"Il est très difficile de survivre en tant que personne trans au sein de notre société car la plupart des gens ne peuvent pas comprendre ce que nous ressentons", explique Giri, qui fait partie de la centaine de membres d'une "akhada", congrégation religieuse, qui ne compte que des personnes transgenres.

Le temps de ce festival de six semaines, les "hijras" ou "kinnars" en Inde, nées dans un corps d'homme mais se considérant comme étant des femmes, se sentent pour une fois acceptés.

"Au fur et à mesure que nous serons plus visibles, nous serons plus acceptés", veut croire Giri, 34 ans, depuis son chapiteau coloré sous lequel se pressent des pèlerins. 

En Asie du Sud, les personnes transgenres vivent en général dans des communautés.Considérés avec un respect craintif, beaucoup sont souvent contraintes de se prostituer, de mendier ou de vivre de petits boulots.

Selon les données du dernier recensement national (2011), 487.000 personnes se déclaraient comme transgenres.

En 2014, la Cour suprême a reconnu légalement les personnes transgenres mais elles restent confrontées à des préjugés et souffrent de discrimination.

Depuis le coup d'envoi de la Kumbh Mela le 13 janvier, quelque 620 millions de fidèles ont convergé à Prayagraj, selon les derniers chiffres donnés par les autorités de l'Etat de l'Uttar Pradesh (nord), invérifiables de manière indépendante.

- "De très bon augure" -

Au milieu de l'immense foule, des sadhous (sages), ces ascètes aux corps couverts de cendres, aux cheveux entortillés en dreadlocks, qui ont pour la plupart marché pendant des semaines pour rallier le site et des membres de la congrégation transgenre Kinnar Akhada. 

Depuis 2019, les trans, auquel l'hindouisme fait pourtant souvent référence comme un "troisième genre", font partie des "akhadas" autorisées à prendre part à la Khumb Mela. 

Durant ce pèlerinage géant, qui prend fin mercredi, les fidèles s'immergent à la confluence des fleuves sacrés, du Gange et de la Yamuna pour se laver de tous leurs péchés et interrompre le cycle de la réincarnation.

Après leur bain sacré, ils marchent quelques kilomètres pour rejoindre le camp où ses ordres religieux sont installés. 

"Une bénédiction d'un kinnar est considérée comme de très bon augure", explique Mangesh Sahu, un pèlerin de 38 ans, qui attend pour se voir remettre un collier, souvent en échange d'un don. 

"Je vais attacher le collier autour du cou de ma fille pour la protéger du mauvais œil - les prières des kinnars sont puissantes", affirme-t-il. 

Mais les défis restent de taille pour que cette communauté soit totalement intégrée et acceptée. 

"Ils cherchent des bénédictions auprès d'une personne transgenre, mais ils éviteront un individu comme moi dans leur famille", pointe avec amertume Giri. 

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