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Coppelia, l'emblématique "cathédrale de la glace" de La Havane

Coppelia, l'emblématique "cathédrale de la glace" de La Havane
Publié le , mis à jour le

La Havane (AFP) - Pendant trois mois les Cubains ont été privés d'un des rares plaisirs abordables : les crèmes glacées de chez Coppelia, le glacier le plus célèbre de l'île.

La réputée enseigne vient de rouvrir ses portes avec de nouvelles saveurs à la carte mais des prix plus salés, malgré les 60% de subventions de l'Etat, ce qui exclura de fait de nombreux cubains dans un pays où le salaire mensuel moyen est à peine au-dessus de 40 dollars, selon le taux de change officiel.

Enseigne emblématique voulue par le leader révolutionnaire Fidel Castro (1926-2016), Coppelia (inspiré du ballet du même nom d'Arthur Saint Léon en 1870), a obtenu une renommée mondiale pour avoir été le théâtre en 1993 de scènes du film "Fraise et Chocolat", de Juan Carlos Tabio et Tomas Gutierrez Alea, unique long-métrage cubain nommé aux Oscars.

En novembre, la fermeture surprise de la "cathédrale de la glace" a suscité de vives critiques des Cubains, l'interprétant comme une nouvelle conséquence de la dramatique crise économique que traverse le pays, la pire de ces 30 dernières années, avec des coupures de courant récurrentes et une inflation galopante, en particulier sur le prix des aliments.

"Coppelia a ouvert.Quelle joie" car "c'est un symbole pour le pays", se félicite Victor Montoya, 82 ans, sortant du glacier qui occupe presque un pâté de maisons aux portes de la Rampa à La Havane, cœur de la vie nocturne de la capitale.

Le bâtiment avant-gardiste circulaire emblématique, qui peut recevoir 547 clients, était lors de son inauguration en grande pompe en 1966 symbole de modernisme.L'endroit, entouré de végétation luxuriante, a toujours été un lieu de rencontres.

- Réajustement des prix -

Jusqu'à la crise économique des années 1990 provoquée par l'implosion du bloc soviétique, Coppelia a proposé jusqu'à 26 parfums.

Mais ces dernières années Coppelia n'offrait plus "qu'un seul parfum" et les revenus ne couvraient plus les coûts de production, explique José Antonio Gonzalez, directeur de l'entreprise publique pour expliquer le besoin de restructuration.

Aujourd'hui, la carte propose "plus de huit parfums et plus de 14 combinaisons", mais la coupe cinq boules de glace est passée de 45 à 155 pesos (de 0,37 cents à 1,29 dollar).

"Avec cette hausse des prix, je ne pense pas que le Havanais moyen puisse aller régulièrement chez Coppelia" comme c'était le cas "autrefois", estime Mijail Morales, 47 ans, employé d'une entreprise d'État de commerce.

Et puis, "elle n'a pas le goût de la glace Coppelia d'il y a cinq mois, sans parler de celle d'il y a 10, 15, 20 ans", ajoute-t-il empreint de nostalgie.

Mais Coppelia reste malgré tout compétitif face à ses concurrents privés. 

- "Glacier par excellence" -

Pendant un demi-siècle, la production et la vente de glaces à Cuba ont été essentiellement étatiques, mais l'expansion du secteur privé depuis 2021 a encouragé la création de dizaines de glaciers.

Attablée chez Sabor Cid, un glacier privé qui a ouvert ses portes en mai, à deux pas de Coppelia, Erena Cobo, employée de 57 ans, déguste une glace "exquise" mais "chère, incomparable avec les prix de Coppelia".

Sabor Cid propose 24 parfums d'une glace artisanale élaborée avec des matières premières importées d'Italie, et sa coupe glacée dépasse l'équivalent de trois dollars.

"Tout est importé et cela augmente les coûts", explique Jhendry Garcia, un des copropriétaires.Mais il juge que sur l'île aux 10 millions d'habitants amateurs de glaces, "il y a de la place pour tous".

José Antonio Gonzalez, le directeur de l'entreprise publique qui gère Coppelia, estime qu'aucune enseigne privée ne peut rivaliser en termes d'emplacement, de capacité, de volume de vente quotidien ou de prix : "Je ne pense pas que Coppelia perde son statut de glacier par excellence de Cuba".

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