Indonésie: "l'euphorie" sur les plages de Pariaman pour le festival du Tabuik

Pariaman (Indonésie) (AFP) - "Comme pour célébrer une victoire": les plages de Pariaman, à Sumatra occidental en Indonésie, ont à nouveau connu "l'euphorie" dimanche et l'affluence des grands jours pour le festival musulman haut en couleurs du Tabuik.
Des milliers de personnes sont venues assister à la fabuleuse parade de destriers géants richement décorés dont la tradition, liée à la minorité chiite du pays, remonte au 19e siècle.
Les deux "buraq", sorte de chevaux de bataille ailés, dotés d'une tête humaine et surmontés d'un dôme, se sont affrontés dans un semblant de combat, au-dessus de la foule.
Ces figures de douze mètres de haut resplendissantes de couleurs ont ensuite été lancées à la mer et englouties dans les flots, au son de la musique et de tambours traditionnels.
"De ce que j'ai pu voir depuis la plage, c'était l'euphorie, comme pour célébrer une victoire", s'extasie un visiteur au comble de l'enthousiasme, Riko Putra, 38 ans.
Même si le festival plonge ses racines dans la tradition religieuse chiite, et coïncide plus ou moins avec le jour de l'Achoura, qui commémore le décès de l'imam Hussein, petit-fils de Mahomet, le festival est aujourd'hui avant tout une attraction touristique.
Clou du spectacle, la parade de destriers avait lieu autrefois, juste après le nouvel an islamique, le 10e jour du mois de mouharram, à une date ayant une signification religieuse différente pour les chiites et les sunnites.
Désormais, la date du festival est choisie plus prosaïquement afin de tomber un week-end et d'attirer les visiteurs, selon l'un des organisateurs, Zulbakri.
Le festival, ancré dans la tradition chiite des processions, a aussi dû évoluer et opérer des changements dans la forme pour répondre à des critiques de la majorité sunnite locale et mieux coller à ses goûts, a-t-il expliqué à l'AFP.
"Parce que ce n’était pas conforme aux coutumes et aux philosophies de la population (locale), la forme de Tabuik a été complètement changée", dit-il.
L'origine du festival Tabuik remonte au XIXe siècle avec l'arrivée dans l'ouest de l'Indonésie de soldats chiites venus d'Inde alors sous domination britannique.
Il est à l'image de l'Indonésie, un pays qui comprend pas moins de 17.000 îles et où se croisent de multiples influences religieuses et ethniques.
La tradition chiite veut que la dépouille de l'imam, massacré avec sa famille et ses partisans lors de la bataille de Kerbala en 680 fut emmenée au paradis par un cheval ailé.
L'islam chiite ne compte pas parmi les six religions officielles de l'Indonésie, mais dans ce pays d'environ 277 millions d'habitants, il est néanmoins présent avec environ un million de pratiquants qui, s'ils subissent rarement des attaques, n'échappent pas aux persécutions.