La nuit de noces: deux partenaires, un lit, et des siècles d’injonctions
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Aïcha Limbada nous plonge dans l’intimité des couples lors de cette expérience paroxystique, qui oscille entre grande visibilité et opacité.
La nuit de noces a longtemps représenté un vide historiographique: tradition immuable à la dimension intime voire secrète, un tel événement a laissé peu de traces, ce qui a convaincu les historiens de la «non-historicité du phénomène» selon la formule d’Alain Corbin.
Contre cette idée, l’historienne Aïcha Limbada a réalisé sa thèse (dont est tiré cet ouvrage) à partir de sources nombreuses et variées. Elle convoque des études médicales, des écrits juridiques et religieux, des manuels conjugaux mais aussi des productions fictionnelles et des témoignages du for privé pour tenter de pénétrer ces secrets d’alcôves.
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Mais l’originalité de son ouvrage repose sur l’étude approfondie des «causes matrimoniales», ces procès en annulation pendant la période où le divorce n’est pas autorisé, conservées aux Archives apostoliques du Vatican. De telles sources posent d’emblée la question de leur représentativité: la majorité des écrits concerne en effet la bourgeoisie, aussi bien les hommes que les femmes …