L’édito de ELLE : « Haut les soeurs ! » d’Alix Girod de L’ain
L’édito de la semaine.
« J’ai mal à mon féminisme. » La formule a l’air d’une boutade, et pourtant, plus que jamais, on sent grandir cette déchirure entre des femmes que seule la sororité devrait unir. Lisez l’interview de la sénatrice et ex-ministre Laurence Rossignol (page 42) : elle y explique clairement et avec courage, car le sujet est radioactif, ce qui a changé, depuis le 7 octobre, dans cette galaxie souvent floue des féminismes au pluriel, et comment leurs philosophies, qui n’étaient que différentes, désormais s’affrontent.
Aujourd’hui, on en serait même arrivé à voir des femmes empêchées de défiler par d’autres pour des raisons politiques. Si la phrase qui précède est au conditionnel, c’est parce que depuis la manifestation du 25 novembre, communiqués de presse et témoignages contradictoires incitent à la prudence, et surtout parce que nous n’avons pas vocation à jouer les flics de fémi- nistes, alors que l’urgence est ailleurs. Là-bas, maintenant. Ne tombons pas dans le piège de ceux qui sont trop contents de voir des militantes se déchirer en France. Nous non plus, à la rédaction, ne sommes pas toutes tenantes du même féminisme, question de générations ou de sensibilités, mais on peut vous jurer que nous toutes, depuis le début de ce conflit, sommes d’accord. Ce pour quoi nous voulons nous battre, c’est pour les femmes, les minorités et les enfants qui souffrent…
