Les mots du genre : le long chemin du « féminicide » vers le langage courant

Chaque semaine, ELLE retrace l’histoire d’un mot appartenant au vocabulaire féministe. D’où vient le terme « féminicide » ? Quand a-t-il été employé pour la première fois ? Comment s’est-il frayé un chemin dans les médias ?
Les féminicides existent depuis la nuit des temps. Pourtant, ce terme a mis des siècles à émerger dans le débat public. Le 1er août 2003, Marie Trintignant succombait aux coups de son compagnon, le chanteur Bertrand Cantat, à Vilnius en Lituanie. À l’époque, cette affaire de violences conjugales n’est pas traitée comme telle dans la plupart des médias. Le mot « féminicide » est occulté au profit du champ lexical de la passion : « crime passionnel », « dispute qui tourne mal », « coup de folie »...
Plus de vingt ans après, le terme « féminicide » est omniprésent dans la presse, notamment à travers les chroniques judiciaires comme celle du procès de Mounir Boutaa, accusé d'avoir brûlé vive son ex-femme Chahinez Daoud. Depuis janvier 2022, le collectif #NousToutes, avec l’aide de l’Inter Orga Féminicide (IOF), effectue un décompte régulier des féminicides connus publiquement. Ces associations définissent le féminicide comme « le meurtre ou suicide forcé d’une femme en raison de son genre ». Des actes qui « s’inscrivent dans un contexte de violences patriarcales systémiques et/ou au croisement d’autres systèmes d’oppression ».
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