“Moi aussi, je suis de ce peuple arménien“ : la tribune de Sophie Fontanel
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La journaliste et écrivaine Sophie Fontanel avait besoin de poser des mots, ses mots, sur le sort dramatique des Arméniens dans le Haut-Karabakh. Elle le fait dans ELLE.
« Moi, je suis de ce peuple », a écrit et chanté Charles Aznavour. Moi aussi je suis de ce peuple arménien, du moins par ma mère. L’« arménité », comme nous aimons à dire, c’est la fierté d’avoir été le premier royaume chrétien au monde, un alphabet de trente-huit caractères, des regards veloutés, un lyrisme à toute épreuve et, malheureusement, le triste titre d’avoir été un peuple « génocidé » au début du XXe siècle, génocide perpétré par les Turcs.
« Des tensions ancestrales ont pris des proportions funestes »
Depuis deux ans (et même avant), comme tous les Arméniens, je regarde la situation au Haut-Karabakh s’aggraver dans à peu près l’indifférence générale. Ce n’est pas que l’opinion mondiale s’en fiche, c’est juste qu’elle est perdue. Sur la carte, les gens voient l’Arménie et l’ Azerbaïdjan, là-bas dans le Caucase. Le Haut-Karabakh, peuplé d’Arméniens (120 000) et sujet du drame en cours, n’est pas l’Azerbaïdjan, mais EST en Azerbaïdjan. Comment voulez-vous y comprendre quelque chose si l’on ne vous explique pas qu’un grand sadique, Joseph Staline, a jadis (1923) décidé de créer un État, l’Azerbaïdjan, en maintenant dedans un petit territoire arménien. Histoire de bien…