Trump et immigration: des catholiques divisés sur l'héritage du pape

Washington (AFP) - François "était pour moi une lumière", "plus tolérant" avec les migrants: si Heidi salue lundi devant la cathédrale nationale de Washington la mémoire d'un pape opposé aux expulsions massives décidées par Donald Trump, d'autres catholiques américains espèrent qu'un pape plus conservateur prendra sa suite.
"J'ai vraiment aimé qu'il soutienne les migrants", reprend auprès de l'AFP cette mère de famille de l'Ohio, qui visite la capitale américaine en ce week-end pascal avec son mari et ses deux enfants.Elle se dit empreinte "d'une profonde tristesse".
Le pape François, mort lundi à 88 ans, s'était attiré en février les foudres de la Maison Blanche en condamnant ouvertement la politique antimigrants du nouveau gouvernement américain, affirmant qu'elle "commence mal et finira mal".
"J'aurais aimé qu'il en fasse plus", ajoute tout de même Heidi, qui ne souhaite pas donner son nom de famille.
- Progressistes -
A New York, au pied des marches de la cathédrale Saint-Patrick, monument néo-gothique encastré au milieu des tours de verre de Manhattan, Cathy Colecchi a les yeux qui s'embuent de larmes à l'évocation de celui qui était "vraiment un pape pour tous", "inclusif", et qui "parlait de manière plus ouverte et universelle."
"Il est difficile de dissocier ce qui se passe en Amérique et la perte d'un tel homme (...).Il y a de la tristesse mais aussi de l'inquiétude.Les gens veulent de la stabilité", ajoute cette retraitée de 65 ans qui a travaillé toute sa vie dans les services financiers.
"Nous avons perdu un très grand homme, qui se souciait de ceux que la plupart d'entre nous laissent de côté: les pauvres, les oubliés", estime Peter, professeur de 70 ans, qui souhaite rester anonyme.
"Et c'est plus important que jamais, surtout aux Etats-Unis, où nous avons un président et une administration qui orientent le pays dans une direction en totale contradiction avec ces valeurs", dit-il avec gravité.
Son épouse Daphné retient les messages de François sur l'importance d'accueillir les migrants: "Aujourd'hui, notre pays oublie qu'il s'est construit grâce aux immigrés, et cela nous fait beaucoup de mal".
- Voile noir -
Ces Américains rencontrés à Washington et New York, plutôt progressistes, ne représentent qu'une partie des 20% d'Américains qui se déclarent catholiques.Des sondages de sortie des urnes indiquent qu'ils ont voté à environ 60% en faveur de Donald Trump en novembre.
Et, quand on pose la question de la succession de François à Hilda Palermo devant une église près de Miami en Floride, cette travailleuse indépendante répond en espagnol qu'elle aimerait que le prochain pape soit "très traditionnel"."Je pense qu'on a besoin de quelqu'un avec des valeurs, pour préserver la famille".
Adriana Parra, un voile noir sur les cheveux, se tient devant la cathédrale du Sacré-Coeur de Houston, au Texas.Si cette Vénézuélienne de 60 ans salue la mémoire d'un "bon pape qui a essayé de satisfaire tout le monde", elle dénonce une politique progressiste "qui a fait du mal à l'Eglise".
"J'espère que le nouveau pape sera à la fois ferme et tendre (...), fidèle aux commandements de l'Eglise des origines", insiste-t-elle.Et sur l'immigration, "chaque pays doit se protéger", car "nous voyons les problèmes qu'ont les Etats-Unis après avoir ouvert leurs portes à tout le monde".
A Houston toujours, Maria Jorgensen, appelle les cardinaux à trouver un souverain pontife qui "rassemble tout le monde au sein de l'Eglise catholique, avec un coeur ouvert, tout en conservant la tradition."
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