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Turquie: nouvelle audience dans le procès fleuve de Pinar Selek

Turquie: nouvelle audience dans le procès fleuve de Pinar Selek
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Istanbul (AFP) - La justice turque reprend vendredi le procès fleuve pour "terrorisme" de la sociologue turque réfugiée en France Pinar Selek, dans un contexte tendu par l'arrestation du maire d'Istanbul en mars.

Poursuivie depuis 27 ans et quatre fois acquittée, Pinar Selek fait l'objet d'audiences répétées devant un tribunal d'Istanbul: quatre en deux ans, à peine ouvertes et déjà renvoyées, la dernière au motif d'une demande "d'éléments supplémentaires".

Mais, a annoncé mardi soir Pinar Selek lors d'une conférence de presse à Paris, "Interpol a refusé la demande de la Turquie" qui avait réclamé son arrestation et son extradition. 

"Il pourrait donc y avoir une surprise, puisqu'ils n'ont plus de prétexte pour reporter" encore le procès, a espéré l'écrivaine et chercheuse qui attendra le résultat de l'audience dans sa maison d'édition.

Pinar Selek a été arrêtée en Turquie en 1998 pour ses travaux sur la communauté kurde, puis accusée d'être liée à une explosion qui avait fait sept morts au bazar aux épices d'Istanbul.

Libérée fin 2000, elle est un temps restée à se battre en Turquie avant d'être poussée à l'exil en raison de ses travaux sur la communauté kurde.

En juin 2024, l'accusation avait ajouté une nouvelle pièce au dossier en accusant la chercheuse d'avoir participé à un événement organisé en France par le PKK.

Ce dont Mme Selek se défend, affirmant avoir animé une table ronde autour de femmes kurdes, organisée par son université.

Lors des quatre précédentes - mars et septembre 2023, juin 2024 et la dernière, le 7 février - le Tribunal criminel d'Istanbul avait exigé d'entendre l'accusée in situ.

Pinar Selek, 53 ans, qui a quitté la Turquie en avril 2009, est convaincue d'être arrêtée dès son retour au pays.

- "Demi-espoir" -

Cette nouvelle audience s'ouvre alors que la vague de contestation qui a suivi l'arrestation du maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu, le 19 mars, est à peine retombée.

Près de 2.000 personnes dont de très nombreux étudiants et des journalistes, ont été arrêtés à Istanbul, Ankara la capitale et Izmir (ouest) principalement, dont plus de huit cents qui ont vu leur procès renvoyé à l'automne.

En février, plus de trois cents personnes avaient été également arrêtées dans tous les milieux, accusées de "liens avec une organisation terroriste", le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), pour ne pas le nommer.

Or c'est justement avec le PKK, mouvement armé interdit, qui a annoncé sa dissolution prochaine, qu'Ankara est en train d'envisager la paix.

Dans ce contexte, citant le poète alévi Metin Altiok, assassiné en 1993 par des islamistes radicaux, Pinar Selek a confié un "demi-espoir".D'autant qu'Ankara, selon elle, a épuisé toutes les voies de recours.

"J'aime bien ce terme, demi-espoir.Quand vous espérez trop, vous ne faites pas grand chose, mais si vous désespérez, vous ne faites pas davantage", a-t-elle avancé.

L'an dernier, Pinar Selek avait évoqué "un procès kafkaïen" dont le but était de la "fatiguer", elle et ses soutiens, notamment son père, âgé, et sa soeur, tous deux avocats, qui la représentent au tribunal.

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