Vivement lundi: les sports d’hiver

Février 1994.

Dans une combinaison en polyester rembourrée, aux couleurs aussi criardes que les proportions sont flatteuses, je m’élance du haut d’une piste bleue foncée. C’est comme ça qu’à l’époque j’appelle les pistes bleues avec des bosses, du verglas et la promesse d’une clavicule pétée à chaque mètre de dénivelé. L’objectif de cette course contre la mort et contre le principe même de survie? Descendre jusqu’en bas à coups de virages avec les skis bien parallèles et décrocher ainsi ma deuxième étoile.

Au bout de la piste, après avoir sué trois litres dans mon scaphandre en fibres synthétiques multicolores et avoir convoqué toutes les divinités auxquelles je ne crois pas, me voici arrivée, en un seul morceau, pour recevoir un des premiers implacables verdicts de mon existence:

J’ai absolument pas fait mes virages avec les skis en parallèle, je suis recalée pour le passage de la deuxième étoile, donc on me donnera la première. Encore.

Dans ma –heureusement courte– carrière de skieuse, j’aurai en tout cinq fois la première étoile. Cinq étoiles sur ma combi. La meuf fait peut-être du chasse-neige mais la meuf est un palace à elle toute seule.

Février 2024.

La dernière fois que j’ai skié, c’était il y a trois présidents. Oui, à mon dernier chasse-neige parfaitement maîtrisé, Jacques Chirac était encore le locataire du palais de l’Élysée. Certes j’étais majeure, ce qui me permit à la…