Les médecins ont-ils moins peur de la mort que nous autres?

Familiers de la fin de vie et du décès d’autrui, conçoivent-ils leurs dernières heures d’une manière plus apaisée que le reste de la population? Sans doute, mais leur expérience professionnelle leur inspire souvent des souhaits bien précis.
Le philosophe Vladimir Jankélévitch distinguait trois visions de la mort: la mort en «il», c’est-à-dire la mort en général, celle d’un tiers, celle qui ne nous touche pas ou peu; la mort en «tu», celle d’un être proche, celle qui nous touche; et la mort en «je», notre mort à nous, celle qui peut nous angoisser et à laquelle nous n’assisterons pas. La familiarité acquise par les médecins avec la mort à la troisième personne dès le tout début de leurs études leur donne-t-elle une conception différente de leur propre décès? La connaissance physiologique, mais aussi sociale et psychologique de la toute fin de vie leur permet-elle de voir les choses sous un autre angle que les non-médecins? La réponse n’est pas simple.
«Beaucoup de médecins se protègent par une certaine froideur et entretiennent une forme de déni de la mort. La réflexion sur sa mort propre n’est pas quelque chose de systématique dans le milieu médical», explique Margot, anesthésiste-réanimatrice qui a raccroché sa blouse pour enseigner. En outre, il existe peu (sinon pas) d’études en France portant …