En corps heureux : « Je gonfle et dégonfle tout le temps »
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Tous les quinze jours, un témoin nous raconte sa relation avec son corps. Son rapport à la douleur, aux regards, à la nudité et au plaisir, l’histoire de son poids et celle de sa peau. Cette semaine, nous écoutons celles d’Emilie, 42 ans, consultante dans le tourisme.
Ma grand-mère maternelle a eu des mots pas évidents à entendre pour moi à 11 ans car je me considérais encore comme une gamine, alors qu’elle, elle voyait déjà un corps de femme. Je faisais déjà du 85B et elle insistait souvent pour que je porte des t-shirts larges, qu’on ne voie pas ma poitrine, alors que la danse m’avait appris à porter du très moulant et à ne pas me cacher, d’autant que j’étais musclée. Je me suis mise à complexer à ce moment-là, notamment sur mes seins.
Lesquels ont commencé à apparaître dès le CE2-CM1, avec quelques poils pubiens. Face aux copines qui avaient vraiment un corps de fillette, gracile, c’était troublant de voir la puberté frapper aussi tôt, dès l’école primaire. Je n’étais pas ronde, mais pas menue. J’ai grandi tôt et vite, et évidemment, on se moquait de moi à l’école, m’appelant « la Tour Eiffel » ou « la girafe ». J’ai eu mes règles pour la première fois à 10 ans, un 24 décembre, et sur toutes les photos de ce Noël, j’ai les jambes ultra serrées, comme si ça avait pu empêcher le sang de couler.
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