Fourcade, des skis aux planches…
Martin Fourcade (35 ans) ne manquait pas beaucoup de cibles lorsqu’il jouait encore les terreurs sur la neige du biathlon. De la même manière, l’ancien monstre de la discipline a fait mouche, mais sur les planches cette fois. Mercredi dernier, à la MC2 (Maison de la Culture) de Grenoble, terre de sports d’hiver, le quintuple champion olympique a présenté la première de son one-man. Un seul en scène intitulé « Hors-piste », presque comme une évidence. Pendant près d’une heure, Fourcade, son chasuble jaune frappé du numéro 1 sur le torse , carabine à l’épaule et dans un décor rappelant celui des Jeux Olympiques de Vancouver en 2010 (le podium et la cible en attestent), revient en effet sur sa fabuleuse carrière.
Le Pyrénéen sept fois lauréat du classement général de la Coupe du monde et sacré champion du monde à treize reprises, évoque évidemment ses moments de gloire, mais pas seulement. Le légendaire sportif français se risque aussi à revenir sur ses moments de solitude. Comme lorsqu’il s’était élancé avec un chargeur vide. « Gagner une course de biathlon en étant parti sans balle, ça ne s’était jamais vu, et je ne crois pas que ça se soit reproduit depuis », s’amuse sur scène l’ancien champion, pour le plus grand plaisir d’une salle comble et aux anges. Pour Fourcade, également fan de rugby, l’essai est transformé.
Fourcade : « J’étais très à l’aise sur les pistes, je le suis beaucoup moins sur les scènes »
« Ce projet m’a attiré car il y avait le mot vivant dans spectacle vivant. Et ce soir, la salle a vécu et je me suis régalé à vivre avec eux », savoure le novice, interrogé dans le cadre de l’émission Stade 2 sur France 3. Fourcade donnera quinze représentations au total. La dernière, ce sera pour mars (15 et 16 mars à Colmar). Comme un symbole pour celui qui avait été privé de jubilé, sa retraite, en mars 2020, étant intervenue en pleine pandémie du Covid-19. L’ex-roi des pistes l’avoue : il prend son pied sur la scène, même s’il a dû se faire violence et travailler le spectacle pendant de longs mois.
« J’étais très à l’aise sur une piste de ski à être regardé pour ce que je faisais, je le suis beaucoup moins sur des scènes de théâtre (…) Je n’ai jamais rêvé d’être acteur ou de jouer sur des planches de théâtre, c’est vraiment ce projet et ces besoins qui m’ont poussé à monter sur les planches et à dépasser un exercice qui n’est pas celui que je préfère, de parler en public, de m’exprimer et de parler sur une scène. » Pour l’instant, c’est réussi. Et comme le public, le metteur en scène (Matthieu Cruciani) est conquis. « Je trouve ça très joli de pouvoir raconter que l’on peut être cinq fois médaillé d’or olympique, de compter 83 victoires en Coupe du monde et de pouvoir raconter par amour du travail bien fait le goût de l’effort, la passion que l’on a pour un sport. » Un sport que Martin Fourcade continue de marquer de son empreinte, même retraité. Car un biathlète sur scène, c’est une première.
