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On sait pourquoi les hommes préhistoriques étaient moins sujets aux caries

On sait pourquoi les hommes préhistoriques étaient moins sujets aux caries
Publié le , mis à jour le

On sait pourquoi les hommes préhistoriques étaient moins sujets aux caries. Les changements d'alimentation ont joué un rôle, mais pas uniquement.

Avoir des caries est un problème bien connu dans nos sociétés contemporaines. Et si vous croyez que c’était pire avant, eh bien, vous vous trompez. Des archéologues ont en effet eu la chance d’analyser deux dents d’un individu qui a vécu il y a 4 000 ans, pendant l’âge du bronze et s’il s’avère que dans ces deux molaires étaient présentes des bactéries responsables des caries et autres maladies gingivales, une en particulier, Streptococcus mutans, intrigue beaucoup les spécialistes.

On sait pourquoi les hommes préhistoriques étaient moins sujets aux caries

Les dents en question, découvertes entre 1993 et 1996 lors des fouilles d’une grotte calcaire du comté de Limerick, en Irlande, appartenaient à un seul et même homme, adulte, qui a vécu entre 2280 et 2140 av. J.-C. La bactérie buccale Streptococcus mutans est souvent associée à la carie dentaire chez les humains, mais l’émail de cet individu n’était pas endommagé. Il ne fait pas grand doute qu’il aurait fini par avoir des caries s’il avait pu vivre plus longtemps, mais cette profusion est étonnante. D’une part en raison de sa nature acidogène, qui dégrade l’ADN des dents, rendant très difficile sa conservation, et d’autre part, parce que l’alimentation humaine à cette époque était bien moins riche en sucres raffinés et autres aliments transformés.

Comment, alors, expliquer leur si bonne conservation dans ces dents ? Les conditions fraîches et sèches de la grotte dans laquelle elles ont été mises au jour ont certainement joué un grand rôle. Mais il faut savoir que l’arbre évolutif ancien de S. mutans est très complexe. La bactérie a évolué parallèlement aux changements dans l’alimentation humaine. Des conditions qui auraient finalement créé un habitat favorable pour l’espèce dans le microbiome oral. La conclusion de ces chercheurs va dans le même sens que celle d’autres études, qui avaient observé des taux plus élevés de caries avec une plus grande disponibilité du sucre raffinée. Ainsi, on observe bien plus facilement des caries depuis l’adoption de l’agriculture céréalière (blé et orge) il y a environ 10 000 ans.

Les changements d’alimentation ont joué un rôle, mais pas uniquement

Cela montre bien, une fois encore, que, avec l’évolution de l’alimentation de l’Homme, la composition des bactéries de notre bouche a suivi. Et certaines ont commencé à l’emporter sur d’autres. S. mutans est l’exemple parfait, capable comme elle est de métaboliser les sucres des aliments piégés dans les dents pour en faire des acides, lesquels causent les caries.

Les experts notent aussi la présence d’un autre organisme, Tannerella forsythia, bactérie quant à elle impliquée dans les parodontites. On a déjà pu la retrouver dans des enregistrements génomiques anciens, mais dans ces deux dents, il y avait deux souches distinctes, contre une seule aujourd’hui. Autrement dit, il y a 4 000 ans, les microbiomes oraux préhistoriques étaient plus diversifiés que les microbiomes modernes. Cette perte de biodiversité bactérienne a de quoi préoccuper, elle pourrait avoir des impacts négatifs sur la santé humaine. Comme l’explique Lara Cassidy, professeure adjointe au département de génétique du Trinity College Dublin (Irlande) et auteure principale de l’étude, “les derniers siècles ont vu un changement incroyable dans l’alimentation humaine. Comprendre particulièrement comment cela a impacté le microbiome, pas seulement le microbiome oral, mais aussi le microbiome intestinal, pourrait nous aider à comprendre un peu pourquoi certaines maladies sont devenues si répandues dans les populations occidentales ou occidentalisées au cours des derniers siècles.”

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